vendredi 5 octobre 2018

LE DROIT A « L’ECOLE POUR TOUS »

A la veille du 30° anniversaire de la Convention des Droits de l’Enfant,
le CNDH Romeurope et l’UNICEF
ont signé une tribune publiée dans le journal Libération le 17 septembre 2018 :
« Rentrée scolaire, de nombreux enfants à la porte de l’école »
Pour rappel, selon l’article L. 131-1 du Code de l’éducation,
« L’instruction est obligatoire pour les enfants des deux sexes, français et étrangers, entre six et seize ans. »

Cette tribune a déjà de nombreux signataires dont l’association C.L.A.S.S.E.S.
En effet, C.L.A.S.S.E.S. a depuis sa création pour objectif la scolarisation de tous les enfants des squats et des bidonvilles, mais les obstacles sont nombreux : refus d’inscription par la mairie parce que la domiciliation postale de la famille ne correspond pas au lieu de vie, refus d’inscription pour absence de vaccinations alors que ces vaccinations ne sont pas indispensables pour l’inscription, affectation des enfants dans des classes mal adaptées à leur situation…
Le texte complet de la tribune peut être consulté grâce au lien suivant :

En voici quelques extraits :

« A l’heure où la majorité des enfants en France se familiarisent avec leur nouvelle école ou leur nouvelle classe, une minorité d’enfants et adolescents invisibles continuent d’être exclus de l’école, laissés pour compte. L’école est un droit en France, mais elle n’est pas un acquis pour les milliers d’enfants et adolescents qui chaque année voient leur avenir compromis. »

« Pourtant, garantir l’accès à l’éducation à tous les enfants, indépendamment de leur situation sociale, géographique, familiale ou de leur origine est une obligation inscrite dans le code de l’éducation comme dans plusieurs conventions internationales que la France a choisi de signer. Le Comité des droits de l’enfant des Nations unies a ainsi rappelé la France à l’ordre, lui demandant de « garantir à tous les enfants le droit à l’éducation sans discrimination ».

« Il est difficile d’évaluer précisément le nombre d’enfants et adolescents non-scolarisés. En effet, la majorité des maires ne s’acquittent pas de l’obligation d’établir une liste des mineurs de la commune soumis à l’obligation scolaire. Des estimations permettent toutefois de cerner l’ampleur du phénomène. En France, 80 % des enfants vivant en bidonvilles et en squats ne sont pas scolarisés[2], mais c’est aussi le cas d’enfants vivant en habitat précaire, en hébergement d’urgence, ou encore accueillis temporairement avec leur famille chez des proches. « 

« La non-scolarisation est une problématique dont la pluralité des facteurs nécessite une approche globale : éloignement des lieux de vie des écoles (ou inaccessibilité par les transports en commun), expulsions de bidonvilles ou squats ou déplacements contraints d’un hôtel social à un autre, entraînant une rupture dans la scolarité, double déficit en infrastructures et en personnels qualifiés à Mayotte et en Guyane, barrières matérielles liées aux conditions de vie (achat de vêtements, coût de la cantine, etc.), dispositifs pour élèves allophones saturés dans certains territoires, freins liés aux situations de handicap, tels que le manque d’auxiliaire de vie scolaire, etc. »

« Les refus d’inscription scolaire ou les tracasseries administratives opposées par certaines municipalités sont particulièrement inadmissibles : variabilité des pièces à fournir, demandes abusives de justificatifs, création de listes d’attente opaques et injustifiées. Si ces pratiques des mairies sont inacceptables, l’Etat doit faire en sorte qu’elles cessent : est-il nécessaire de rappeler que l’inscription scolaire en maternelle et primaire est une mission exercée par les maires au nom de l’Etat qui engage, in fine, la responsabilité de celui-ci ? »

« Nos organisations ont des solutions concrètes à proposer pour rendre pleinement effectif ce droit fondamental et avancer vers une école toujours plus inclusive. Parmi celles-ci, la mise en place d’un observatoire de la non-scolarisation dans toutes les académies permettrait un réel pilotage d’une politique nationale d’inclusion scolaire, de mettre des chiffres et des visages sur cette réalité. En pratique, la mise en place d’un travail de médiation pour faire le pont entre ces publics fragiles et l’institution scolaire s’avère être une piste pertinente. »

« Nous suggérons également au gouvernement de prendre avant la fin de l’année un décret fixant la liste des pièces justificatives devant être acceptées par les maires lors de l’inscription en primaire, afin de limiter les abus en clarifiant les règles applicables et en imposant la délivrance d’un récépissé de dépôt de la demande. »