vendredi 31 mai 2013




Nouvelles de MAI  2013
13 mai : incendie mortel au squat Lavirotte de Lyon 8ème,
trois personnes, dont un enfant, décèdent

 Jours de deuil et d'angoisse pour les familles.
L'incendie a été causé par une bougie. Il se trouve que l'électricité avait été coupée sur ce site, obligeant les occupants à s'éclairer à la bougie.
Un mouvement de solidarité rassemblant familles, proches et associations, permet de financer le rapatriement des corps en Roumanie. Une célébration est organisée avec les familles avant le départ .

Après l'incendie, les 170 occupants du  squat sont hébergés pendant 15 jours au gymnase Grignard (Lyon 8ème).
Malgré la mobilisation de CLASSES et d'autres associations, les familles sont obligées
d'évacuer le gymnase pendant la journée entre 10h et 15h, alors que la météo est au froid et à la pluie.

le 28 mai
: les familles apprennent que le gymnase va fermer le lendemain
et que, sur les 170 occupants évacués du squat :

                                -   60 personnes seront intégrées dans le dispositif "Andatu"
dont des femmes enceintes, des enfants en bas-âge, des malades en cours de traitement.

Emilienne, l'animatrice de l'atelier peinture témoigne :
"Personne n’avait de vêtements chauds ni imperméables…
Comment faire quand il faut vivre dans la rue, dormir dans la rue, sous un pont ?
Les pères essayaient de trouver des contacts au téléphone.
... Pas un journaliste à l’horizon.
Les enfants profitaient de ce moment pour manger des bonbons,
les petits jouaient, couraient, tombaient, riaient, pleuraient…
J’ai vu une mère changer son bébé sur le trottoir sans pouvoir vraiment le nettoyer.
Je les ai vus manger du pain sans rien dessus pour « se caler » et aussi grignoter des graines de tournesol…
J’ai vu les quelques paquets qu’ils emportaient,
entassés dans une sorte de caddie…
Maria assise sur une valise ne jouait pas…Elle regardait.
J’ai vu des mères assises sur le trottoir donner le sein à leur bébé
en le protégeant d’une couverture.
Certaines femmes s’étaient mises un peu en retrait et discutaient.
J’ai vu leurs visages fatigués.
J’ai tenté d’imaginer ce que l’on ressent lorsque l’on n’est pas choisi, alors que l’autre, à côté l’est…Pourquoi ? Comment ?
J’ai tenté d’imaginer ce qu’ils ont ressenti lorsque les grilles du gymnase se sont refermées, les abandonnant sur le trottoir…
60 personnes  à qui on propose une aide, un logement, c’est bien…
Mais 110 personnes (dont de nombreux enfants) qui restent dans la rue,
c’est terrible…
C’est la politique du « toi, oui » « toi, non » !
Pendant que j’écris ces quelques lignes il pleut à verse :
où sont-ils, là, tout de suite ?
Ont-ils pu se protéger de cette averse ? Ont-ils trouvé un abri pour ce soir ?
Nous n’avons rien pu  faire pour eux, même pas le leur expliquer...

J’espère qu’on se reverra un jour, dans la rue ou ailleurs, au cours d’un autre atelier peinture. Je les remercie de m’avoir accueillie parmi eux, de l’enthousiasme des enfants.
J’espère que les jours prochains n’émousseront pas leur bonheur de vivre."

Emilienne.