lundi 18 janvier 2016

Enfants en danger



Enfants en danger dans l’agglomération lyonnaise
Mardi 12 janvier : les enfants les plus pauvres de l’agglomération, ceux qui vivaient encore sous des cabanes de bidonville, ont tous été  chassés de chez eux par la police, et leurs lieux de vie ont été volontairement détruits.
Des mises à l’abri temporaires en hôtel ont été proposées à certaines familles, d’autres ont été forcées de passer la nuit dehors, sous la pluie.
Des enfants, rappelés en urgence de leur école par leurs parents, ont dormi à la rue.
Leur scolarité est arrêtée net.
L’association C.L.A.S.S.E.S., depuis 10 ans, suit la scolarisation des enfants vivant dans la grande précarité, jusqu’à ce que leurs parents trouvent hébergement et travail et s’intègrent.
Fréquenter l’école lorsqu’on vit en bidonville est compliqué, mais fait partie des priorités, car c’est l’école qui donnera à ces enfants les clés d’une intégration réussie.

L’évacuation de mardi 12 janvier 2016 :  
        Met en danger la santé physique et psychique des enfants. Nous recevons en ce moment de la part des enseignants des témoignages accablants sur les traumatismes subis par les enfants.
        Place les enfants dans des conditions inadaptées (chambre d’hôtel, sans possibilité de cuisiner), ou pires qu’avant, et casse leurs repères, compromettant leurs capacités d’apprentissage et leur retour à l’école.
        Casse les parcours scolaires et les parcours de soin en envoyant les familles dans des hôtels, ou des abris de fortune, à l’autre bout de l’agglomération.
        Casse les parcours d’intégration commencés et replace les familles en situation de survie.

        Est couteuse et inutile !
-        Mobilisation des forces de police et des opérations de destruction
-        Nuits d’hôtel
-        Surcroit de travail pour les agents des services sociaux, sanitaires, scolaires, obligés de recommencer le travail suite aux déplacements, pertes de papiers, rendez-vous manqués

        Est contraire à toutes les lois nationales, européennes et internationales de protection des personnes, en particulier des enfants !
La France est montrée du doigt par la communauté européenne, comme championne européenne de maltraitance des enfants pauvres.

D’autres solutions existent 
Monsieur le Préfet Delpuech déclarait mardi 12 janvier aux journalistes : « si quelqu’un a la solution, présentez-le moi ! »
Nous invitons Monsieur Delpuech à rencontrer les municipalités de Strasbourg, de Gardanne, de Indre, de Choisy le Roi, de Madrid, et de toutes ces villes qui ont fait le choix de laisser toutes les personnes sortir des bidonvilles par le haut, car c’est possible !

En tant qu’association, nous constatons l’ampleur des dégâts causés par les pouvoirs publics sur ces familles, dégâts que les associations et les professionnels doivent ensuite tenter de réparer.
En tant que citoyens, nous dénonçons cette politique d’exclusion et demandons l’application par l’Etat des règles fondamentales de Respect des Droits Humains.

jeudi 14 janvier 2016

Mise à la rue de familles : le récit en images des évènements



Vaulx-en-Velin le 12/01/16 : mise à la rue de familles
dont Maria et Florin  maintenant déscolarisés contre leur volonté

A Vaulx-en-Velin, depuis un an et demi survivaient de nombreuses familles, certes dans des conditions indignes, mais quand même à peu près à l’abri de la pluie et du froid.

Mardi matin, 12/01/2016, la Préfecture a donné l’ordre d’expulser le terrain. Certes la préfecture a proposé des hébergements à des familles et des personnes seules : les journaux n’ont retenu pratiquement que cela du discours de la préfecture. Mais cette information "politiquement correcte" cache une autre réalité inhumaine et indigne de la France. Récit en image :

En fin de matinée, une vingtaine de familles sont encore parquées sous bonne garde :  

Elles attendent  une attribution d’hébergement, mais elles n’auront rien.

Dans une voiture, protégées de la pluie, deux personnes de la Préfecture note les noms et leur éventuel numéro de téléphone de chaque famille. Elles leur précisent que « pour le moment il n’y a pas de place d’hébergement mais on vous rappellera entre aujourd’hui et demain. Vous pouvez aussi appeler le 115 surtout si vous n’avez pas laissé votre N° de téléphone » (115 = N° d’hébergement d’urgence).

Alors qu'une bonne averse tombe, je demande s'il ne serait pas normal de trouver un abri (gymnase ?) pour ces familles. Réponse :
- de la police : demandez à la "préfecture" (en m'indiquant la voiture où était notée la liste des familles)
- de la "préfecture" : ce n'est pas possible et non prévu.

Après le « passage des familles dans la voiture » pour apprendre qu’elles sont « jetées » à la rue, la police exige qu’elles partent (sous la pluie !  et la photo laisse imaginer la manière que je ne qualifierai pas):
 
 Ci-dessus sur la photo on voit une enfant encapuchonnée, Maria (prénom d’emprunt) avec sa famille et les maigres bagages qu’ils vont emporter. Ses parents étaient allés la chercher en catastrophe à l’école, comme le papa de Florin (prénom d’emprunt) pour une autre famille.

Il est 14 h 15, la place est libre, la police a fait son travail inhumain de mise à la rue.
La voiture de la « Préfecture » et son cortège de véhicules de police peut partir :
 

 
Tandis que notre argent, celui des contribuables, est déjà utilisé pour détruire :
 Longue matinée de honte pour la France, indigne du pays des droits de l'homme...
Et l’inhumain continue…

Ce même mardi 12/01/16 :
17 h15 : après de nombreuses tentatives d’appel du 115, j’obtiens la réponse : pas de place pour la famille de Maria... il faut rappeler dans une semaine...
Quand j'explique, que, ce matin devant moi, la préfecture a dit aux familles qu'elles seraient appelées aujourd'hui ou demain et qu'elles pouvaient aussi appeler le 115, surprise pour moi, car l’interlocutrice au téléphone du 115 n’a aucune information à ce sujet, elle a juste entendu parler d’expulsion(s)... Elle s’étonne même de promesses d’hébergement aussi rapides!

18 h 45. Appels du 115 : en résumé, toujours aucune place pour les familles que je mentionne. J’ai connaissance de 3 places attribuées, mais pour des adultes seuls (homme et femmes).

Très mauvaise nuit au froid, à l’humidité et sans toit…

Mercredi 13/01/16
Appels du 115 : en résumé, toujours aucune place pour les familles que je mentionne.

Très mauvaise nuit au froid, à l’humidité, sous la pluie et sans toit…

Jeudi 14/01/16
A 14 h impossible de joindre le 115 : plusieurs appels avec à chaque fois : sonnerie (parfois bizarre !) pendant environ une minute, puis la ligne renvoie le signal d’occupation…
A 17 h : enfin j’obtiens le 115 : toujours aucune place pour les familles que je mentionne.

Ainsi de nombreuses personnes, qui avaient un abri, certes de fortune, ont été jetées à la rue.
Maria et Florin, qui ont poursuivi leur scolarité normalement dès le 01/09/16, sont à la rue et déscolarisés depuis le 12/01/16 contre leur volonté par décision de la préfecture en notre nom.


C’est intolérable, inacceptable et inhumain.

Henri
jeudi 14 janvier  2016