lundi 15 mai 2017

INCENDIE : familles à la rue



Mars 2017. Incendie sur un squat 

Contexte 
En janvier 2017, le préfet INGLEBERT, délégué à l’Egalité des Chances,  charge l’association ALPIL de réaliser un diagnostic auprès des habitants de 2 lieux de vie précaires sur Villeurbanne : le squat rue Emile Decorps et le bidonville Croix-Luizet.
Ce diagnostic recense 125 personnes sur le squat Decorps, 100 de nationalité roumaine et 25 de nationalité albanaise.
Ces familles sont suivies par l’association CLASSES et le Comité Feyssine (comité de soutien composé d’associations villeurbannaises et de citoyens, constitué à l’époque du bidonville de la Feyssine à Villeurbanne). CLASSES fait un travail de médiation scolaire, qui permet notamment qu’une vingtaine d’enfants du squat Decorps, principalement des enfants roumains,  soient scolarisés.
CLASSES et le comité Feyssine alertent la préfecture sur la situation de dangerosité du squat, suite notamment aux grands froids qui ont dégradé les conditions d’accès à l’eau et de chauffage.

Les faits
13 mars à 19h : un incendie se déclare dans le squat, pas de blessés, mais le bâtiment est interdit d’accès pour risque d’effondrement. Les affaires restées à l’étage ne pourront être récupérées.
Une centaine de personnes, dont beaucoup d’enfants, un bébé de 2 mois, des femmes enceintes, se retrouvent sur le trottoir. Malgré les appels aux autorités, aucune proposition d’hébergement d’urgence.
Mise à l’abri pour la nuit des bébés et de leur maman par des bénévoles du Comité Feyssine dans une salle paroissiale. La température nocturne avoisine zéro degré.

14 mars au soir : la préfecture annonce l’ouverture de 50 places d’hébergement, mais le 115 n’a toujours aucune proposition pour les familles. Le 115 appelle une famille, pour lui dire finalement qu’il faut encore entendre le lendemain. Les bénévoles emmènent à nouveau les bébés à l’abri pour la nuit.
15 mars : proposition de chambres d’hôtel pour des familles avec jeunes enfants. 50 personnes d’après la préfecture, nous en repérons 25.
Pour les autres, l’école où allaient les enfants informe les associations que la mairie a mis une salle à disposition. Mais aucune information aux familles.
Environ 60 personnes passent une 3ème nuit sur le trottoir, avec la fatigue, la faim, le découragement devant l’absence de représentants de l’Etat sur le terrain.

16 mars
La mairie confirme aux associations l’ouverture d’une salle prévue pour le soir même. Mais le soir, ils sont toujours sur le trottoir, et y passent leur 4ème nuit.

17 mars
En réunion en préfecture, explications : la salle municipale a été proposée la veille aux albanais uniquement. Pour les roumains repérés par le diagnostic, un hébergement temporaire de 50 places va ouvrir le soir-même.
A 16h, le 115 n’est toujours pas au courant, et l’inquiétude monte. Les appels du 115 aux familles commencent à 17h, mais le 115 est obligé de solliciter les bénévoles pour informer les personnes injoignables au téléphone.
39 personnes sont accueillies le 17 au soir en hébergement temporaire, qui devrait durer 4 mois.
Restent sur le trottoir 3 familles du squat qui n’étaient pas présentes au moment du diagnostic.


Notre position
Nous nous réjouissons de la proposition d’un hébergement temporaire pour les personnes concernées par le diagnostic. Mais nous sommes scandalisés qu’aucune solution d’urgence n’ait été proposée suite à l’incendie.

Pendant ces 4 jours :
Sur le trottoir, conditions de survie critiques, sans moyen de cuisiner, de dormir au chaud, de se laver. La scolarisation est interrompue en raison des conditions de vie, et de l’incertitude totale dans laquelle sont maintenues les familles.

Positionnement très compliqué pour les bénévoles présents : contradiction entre les annonces faites en préfecture et en mairie, et les propositions sur le terrain. Que répondre aux familles ?
A part le passage de Médecins du Monde et du Samu Social, quelques bénévoles assurent seuls le soutien des familles,  et la mise à l’abri des plus fragiles pendant 2 nuits. Pour l’orientation le 5ème jour vers le lieu d’hébergement, en l’absence sur place de représentants de l’état, ce sont encore eux qui se trouvent obligés de relayer la liste établie par le 115 aux personnes concernées, et donc de gérer la détresse des personnes non hébergées.



Rue Emile Decorps : 4 nuits sur le trottoir sous une couverture…