« Je vous écris une lettre que vous lirez peut-être, si vous avez le temps »… comme le dit la chanson de Boris Vian… On me surnomme « Alarue ». Je suis née à Bron (Rhône) ce 20 septembre 2018 et depuis le 24 septembre 2018, je dors à la rue sur la commune de Villeurbanne dans une voiture :
Le 24 septembre 2018 en soirée, le 115 (N° d’hébergement -dit- d’urgence) a été appelé. La réponse fut : « il n’y a pas de place ». Et depuis, la réponse est toujours la même.
Le 4 octobre, un ami en a parlé à la Directrice de la DDCS (Direction Régionale et Départementale de la jeunesse, des sports et de la Cohésion Sociale Auvergne-Rhône-Alpes). Le jour même, par mail il donne la composition de ma famille, deux parents et quatre enfants. Manifestement la consigne à la DDCS est d’estimer qu’un bébé de quelques jours à la rue, ce n’est pas anormal, ce n’est pas une urgence.
Et je suis donc toujours à la rue.
Monsieur le Président, j’aimerais pouvoir grandir normalement.
En Décembre 2017, vous avez annoncé : « plus personne à la rue » !
Du haut de mes quelques jours, je me permets de vous dire avec toute la persuasion dont je suis capable :
Faites ce que vous dites et agissez vraiment pour cela.
Alors que j’allais vous envoyer cette lettre, bonne nouvelle : La nuit dernière, après 18 nuits à la rue, je viens de dormir dans une chambre d’hôtel. Un ami a été prévenu par le Directeur Général Adjoint de Villeurbanne. Je le remercie pour le « forcing » (comme il l’a précisé) que la mairie a réalisé pour obtenir cet hébergement.
Alors, à nouveau du haut de mes quelques jours, je me permets de vous dire avec toute la persuasion dont je suis capable :
Monsieur le Président,
est-ce normal qu’il faille un « forcing » pour héberger un bébé de quelques jours ?
Que pensez-vous faire pour que de telles situations ne se reproduisent plus ?
Bébé Alarue
Villeurbanne, Métropole de Lyon, le 13/10/2018
Propos recueillis par Henri Branciard