vendredi 27 novembre 2015

la fête à la Feyssine



NOVEMBRE : les familles n'ont pas de nouvelles du programme d'insertion annoncé (voir article en octobre), mais les Obligations de Quitter le Territoire Français continuent d'arriver.

Le 11 novembre, une fête a été organisée sur le terrain par les membres du Comité Feyssine*: familles, associations, voisins, amis, médecin, enseignants des enfants, tous étaient là pour un moment convivial

Bilan : une belle après-midi, beaucoup d'émotion de part et d'autre


Pour les enfants, un temps autour des livres, avec ATD Quart Monde, un temps de peinture avec Arts et Développement, comme chaque samedi. Et bien sûr le gouter !



 Plusieurs ont pris la parole, et les habitants se sont exprimés sur le thème :"qu'est-ce que je souhaite dire au préfet?" lire ici leurs témoignages. 
Après la séance "photos de famille", on a mis la musique et tout le monde a dansé, les premières et les plus endiablées étant les grands-mères !


Rêves d'enfants sèchent au vent, le terrain de la Feyssine prend des couleurs


Le 17 novembre à 7h, la police embarquait un couple, celui qui depuis 2004 a fait beaucoup pour maintenir au mieux l'harmonie sur le terrain, entre familles, et avec l'extérieur. Après quelques jours en centre de rétention, ils ont été mis dans l'avion pour la Roumanie.


Quelle cohérence avec le projet d'insertion annoncé ?!

*les membres du Comité Feyssine : les associations ADL, AVDL, ATD Quart Monde, Arts et Développement, CCO, CLASSES, Solidarité Espérance, les habitants du terrain, et des individuels.

jeudi 26 novembre 2015

Nous avons signé

Appel unitaire
Nous ne céderons pas !
Ceux qui, au nom de Daech, ont fait subir à Paris et à Saint-Denis un moment d’inhumanité absolue ne nous feront pas céder. Rien ne peut justifier ces assassinats, ici ou ailleurs. Chacune des victimes vit en nous parce que nous appartenons à la même humanité. Notre solidarité à leur égard et à l’égard de leurs familles est totale. Ce crime est immense mais c’est en continuant à vivre librement et fraternellement que notre réponse sera à la hauteur.
Nous ne sommes pas naïfs : nous savons que ces actes de terrorisme appellent des réponses à la mesure du danger qu’ils représentent. Comme nous savons que le rôle des forces de l’ordre et de la justice est essentiel pour protéger nos libertés. Mais cela ne doit pas nous empêcher de réfléchir aux réponses que notre société doit apporter à ces actes et à celles déjà mises en œuvre.
C’est la démocratie qui est mise à mal quand le Parlement est appelé à délibérer d’un jour à l’autre, sous la pression de l’émotion et les assauts de démagogie de responsables politiques qui cultivent la peur.
Après la prorogation de l’état d’urgence et l’extension des pouvoirs de police, d’autres mesures sont encore annoncées par le président de la République.
Il nous paraît essentiel de rappeler que rien ne doit nous faire sortir de l’Etat de droit et nous priver de nos libertés. L’état d’urgence ne peut devenir un état permanent et les conditions de sa mise en œuvre ne sauraient entraver la démocratie sociale, l’exercice de la citoyenneté et le débat public.
Depuis 1986, les lois accordant plus de pouvoirs aux forces de l’ordre, organisant une justice d’exception et restreignant nos libertés, au prétexte de lutter contre le terrorisme, s’empilent. L’adoption d’autres dispositifs législatifs, y compris d’ordre constitutionnel, exige de poser la question de leur efficacité et de l’atteinte supplémentaire aux libertés qu’ils constituent. 
Avant de modifier la loi et de conférer à l’Etat des pouvoirs accrus, il faut que celui-ci s’interroge sur ce qui n’a pas permis d’éviter une telle abomination. La réponse des autorités se veut martiale, elle n’est pas une assurance de sécurité et ne garantit en rien le respect de nos libertés.
Vouloir priver de leur nationalité jusqu’aux personnes nées françaises, c’est délivrer une nouvelle fois le message d’une France divisée. Le silence du président de la République, lors de la réunion du Parlement, sur l’indispensable engagement de l’Etat en faveur de l’égalité des droits, de la justice sociale, sur le développement des services publics, contre toutes les discriminations et contre toutes les manifestations de racisme accroît dramatiquement le sentiment d’exclusion que vit toute une partie de notre peuple. Il donne ainsi un peu plus corps à la stigmatisation croissante qui s’exerce mettant en péril notre volonté de vivre ensemble.
Nous voulons que ces dramatiques événements soient, au contraire, l’occasion de construire un autre chemin que celui qui nous est proposé. Un chemin qui refuse de désigner des boucs émissaires et qui refuse que la France soit en guerre contre elle-même. Un chemin qui donne à la paix et à l’égalité des droits toute leur place et qui s’engage en faveur d’une France solidaire, ouverte à l’autre, accueillante, libre et fraternelle.
Pour nos libertés, pour une société où la fraternité a toute sa place, nous ne céderons pas à la peur dans laquelle veulent nous faire vivre ceux et celles qui font de la mort leur raison de vivre.
Nous appelons les femmes et les hommes de ce pays à rester solidaires et à lutter contre toute forme de racisme. Nous appelons aussi à la défense des libertés car nous ferons prévaloir en toutes circonstances notre liberté d’information, d’expression, de manifestation et de réunion. Nos organisations construiront, partout en France, ces lieux qui nous permettront de débattre et nous exercerons une vigilance permanente afin que nos droits et libertés soient préservés et que nul ne soit victime de discriminations.
Premiers signataires :
AFD International, Agir pour le changement démocratique en Algérie (Acda), Assemblée citoyenne des originaires de Turquie (Acort), Association des Marocains en France (AMF), Association des travailleurs maghrébins de France (ATMF), Association des Tunisiens en France (ATF), Association des universitaires pour le respect du droit international en Palestine (Aurdip), Association française des juristes démocrates (AFJD), Association France Palestine solidarité (AFPS), Association Grèce France Résistance, Association interculturelle de production, de documentation et de diffusion audiovisuelles (AIDDA), Association pour la reconnaissance des droits et libertés aux femmes musulmanes (ARDLFM), Associations démocratiques des Tunisiens en France (ADTF), Attac, Cadac, Cedetim, Confédération générale du travail (CGT), Conseil national des associations familiales laïques (Cnafal), Collectif Lyonnais pour l'Accès à la Scolarisation et le Soutien aux Enfants des Squats (CLASSES), Collectif national pour les droits des femmes (CNDF), Collectif 3C, Collectif des 39, Collectif des féministes pour l’égalité (CFPE), Comité pour le développement et le patrimoine (CDP), Comité pour le respect des libertés et des droits de l'Homme en Tunisie (CRLDHT), Commission islam et laïcité, Confédération syndicale des familles (CSF), Collectif des musulmans de France (CMF), Coordination des collectifs AC !, Droit au logement (Dal), Droit solidarité, Droits devant !!, Emmaüs France, Emmaüs International, Fédération des Tunisiens citoyens des deux rives (FTCR), Fédération nationale de la Libre pensée, Fédération internationale des Ligues des droits de l’Homme (FIDH), Filles et fils de la République (FFR), Fondation Copernic, Fédération syndicale unitaire (FSU), Genepi, Ipam, La Cimade, La Quadrature du Net, Le Mouvement de la paix, Ligue des droits de l’Homme (LDH), Le Gisti, Les Amoureux au ban public, Les Céméa, Maison des potes, Mamans toutes égales (MTE), Médecins du monde, Mrap, OIP - section française, Organisation de femmes égalité, Planning familial, Réseau éducation sans frontières (RESF), Réseau euromaghrébin culture et citoyenneté (REMCC), Réseau Euromed France (REF), SNPES-PJJ/FSU, Snuclias-FSU, Syndicat des avocats de France (Saf), Syndicat national des journalistes (SNJ), Unef, Union des travailleurs immigrés tunisiens (Utit), Union juive française pour la paix (UJFP), Union nationale lycéenne (UNL), Union syndicale de la psychiatrie (USP), Union syndicale Solidaires

jeudi 12 novembre 2015

Les habitants de la Feyssine s'expriment

Témoignages recueillis le 11 novembre 2015 auprès des habitants du terrain de la Feyssine. 
Début septembre  la préfecture les informait d'un projet de village d'insertion concernant certains d'entre eux, et leur demandait de se positionner sur ce projet.




"Est-ce que c’est possible qu’il y ait quelqu’un pour nous aider ? Parce que nous, nos enfants, ils sont à l’école. On peut rester là, mais il (le préfet), dit qu’il va donner des mobil-homes, des caravanes. Je sais pas si c’est possible, mais c’est mieux s’il nous donne ça.

On est inscrit à Pole Emploi. On cherche du travail. C’est possible qu’il y ait quelqu’un pour nous aider, pour nous donner un travail ? ça serait mieux pour nous aussi. Parce que nous on voudrait une autre vie pour les enfants, parce qu’ici c’est difficile.

C’est pas des conditions, ici. Si on est obligés on peut rester là. On veut pas rester dehors quand il va donner l’expulsion. On espère qu’on va pas nous laisser dehors : ou bien on nous donne des cabanes, ou bien on reste là. Et si c’est possible, qu’on nous ramène deux trois bennes, pour nettoyer un peu. La mairie dit, il faut ramasser toute la misère (les ordures), donc on a tout ramassé et maintenant on a besoin de la benne."

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"Nous on attend la réponse, parce qu’on a toujours peur qu’un jour on vienne, et nous dise de dégager ou partir. On attend qu’on nous dise ce qu’on va faire, il a dit qu’un jour on allait partir, mais on sait pas quand. Et il peut pas venir pour nous dire. On peut pas rester tous les jours avec ça, tristes, nos enfants et nous. En plus, quelqu’un a donné des OQTF, des expulsions. Il faut venir nous dire ce qui se passe. Nous on pleure pour ne pas être avec nos enfants dehors. On attend la réponse : on reste là, où on nous donne les mobile-homes ?"
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"Peut être qu’il va changer la vie pour pas rester tout le temps dans la misère. Et voir les enfants grandir, trouver une autre vie, trouver un travail, pour pas rester comme les parents."

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"Ce monsieur il est malade, il habite ici depuis 5 ans, il a des prothèses dans la jambe, et une maladie de cœur. Il espère ne pas rester dehors avec sa maladie. Il peut rester là. Maintenant il y a l’hiver, il fait froid, il faut pas nous dégager. Il a un rendez-vous en janvier pour une autre opération. On espère qu’on nous laisse ici tranquille. On attend la réponse."