mercredi 20 avril 2016

Le programme d'insertion I2E

Un point sur le programme d'insertion mis en œuvre par la Préfecture du Rhône

Rappel
Ce programme, initié en 2015, visait l'insertion sociale et professionnelle des populations roms migrantes vivant sur  3 bidonvilles de l'agglomération lyonnaise, (à Villeurbanne, Vaulx en Velin, et St Priest), et l'élimination de ces 3 bidonvilles.
Ces 3 bidonvilles ont effectivement été rasés en janvier 2016, et une partie des occupants ( environ 150 personnes) ont été intégrés au  programme intitulé I2E : insertion par l'école et l'emploi.
Et les autres ? 
Hébergement en hôtel pour les familles avec enfant de moins de 3 ans, mise à la rue pour les autres,  recherche de squats, errance, vie sous tente, en voiture, départs en Roumanie ou ailleurs,...

Insertion par l'école et l'emploi

Nous saluons ce projet qui accompagne et met à l'abri des familles dans deux villages de bungalows sur les communes de St Genis les Ollières et St Priest. Il leur offre en effet une chance de se poser pendant une période pouvant aller jusqu'à trois ans et de se consacrer à leurs démarches d'insertion sans craindre de perdre leur toit d'un jour à l'autre. 



Mais quelle école ?!
Les communes de St Priest et de St Genis les Ollières ont refusé d'accueillir les enfants concernés dans les écoles maternelles et élémentaires de la commune. Les enfants  sont donc scolarisés sur leur lieu de vie, loin de toute école. Seuls les collégiens sont intégrés à des établissements scolaires.
Nous ne remettons pas en cause la qualité du travail réalisé par les enseignants qui prennent en charge les enfants . Mais nous regrettons que ces enseignants n'aient pas pu intervenir au sein d'une école "normale", et que les enfants roms soient maintenus à l'écart des autres enfants.
Notre communiqué ci dessous reprend les termes du courrier que nous avons adressé à la Ministre de l’Éducation Nationale.


Communiqué du 29 mars 2016


Monsieur Delpuech, préfet de Rhône-Alpes, a lancé un programme d’insertion pour 150 personnes roumaines de culture rom qui vivaient depuis plusieurs années dans les 3 grands bidonvilles de la métropole, évacués et démolis le 12 janvier dernier. Ces personnes ont été logées en bungalows dans 2 « villages d’insertion », sur les communes de St Genis les Ollières et de St Priest. L’objectif est l’insertion de ces familles par l’école et l’emploi, projet « I2E ».

En ce qui concerne l’école, à St Genis les Ollières, le préfet a toujours dit qu’aucun enfant ne serait scolarisé dans l’école de la commune, mais que des enseignants interviendraient à l’intérieur du village d’insertion. Lors des réunions préparatoires auxquelles nous avons activement participé, nous avons beaucoup insisté sur la nécessité de scolariser les enfants roms avec les autres. Vu la précipitation, le climat politique tendu, et le nombre d’enfants à scolariser sur cette petite commune, la décision de reporter une scolarisation « normale » dans les écoles de la commune et des communes voisines à la rentrée scolaire prochaine nous a semblé entendable. Nous serons toutefois très vigilants pour qu’elle soit effective à la rentrée.

Dans le 2ème village d’insertion, celui de Saint-Priest (commune de 40 000 habitants), situé à proximité de plusieurs écoles de la commune, il y a actuellement 12 enfants à scolariser (4 en élémentaire et 8 en maternelle). Le préfet a d’abord annoncé qu’ils seraient scolarisés directement dans les écoles de la commune et la DSDEN a recruté le personnel supplémentaire pour leur prise en charge.

Nous avons été informés le 1er février au cours d’une réunion à la Préfecture, que finalement les enfants seraient scolarisés au sein du village d’insertion, car le maire de Saint-Priest refusait de les accueillir.

Ce refus ne nous surprend pas puisque depuis septembre 2015 nous avons essayé, en vain, de scolariser plusieurs enfants qui vivaient dans le bidonville évacué le 12 janvier. Après de nombreuses démarches nous avions saisi le Défenseur des Droits fin octobre 2015. Les enfants n’ont pas été scolarisés.

Maintenant ce sont les enfants du village I2E que le maire refuse, et le Préfet à l’Egalité des chances, Monsieur Inglebert, interrogé à ce sujet lors de la réunion du 1er février, a répondu très sèchement qu’il n’accepterait aucune critique contre ce maire, que nous étions réunis pour travailler et non pour faire de la politique. Il a ajouté que les 12 enfants roms de ce village d’insertion n’avaient jamais été scolarisés auparavant, qu’il était donc très bien de les accueillir dans un lieu à part.                                                        

Nous ne remettons pas en cause la qualité du travail réalisé par les enseignants auprès de ces enfants, mais la loi prescrit que ceux-ci interviennent au sein des écoles de la commune, pour une réelle intégration des enfants dans l’école française.



Nous souhaitons la réussite de ce projet dans l’intérêt des familles choisies, nous en avons bénévolement facilité le démarrage par la connaissance que nous avons des familles, le préfet comme l’opérateur peuvent en témoigner. Mais l’intégration passe par l’école et le respect des lois. Nous attendons du préfet, qui insiste beaucoup sur ce dernier point, qu’il veille à leur application de la part de tous.