mercredi 26 mars 2014

Enquête de Médecins du Monde


Fin de la trêve hivernale : la gestion au thermomètre de l’hébergement d’urgence persiste et doit s’arrêter

(Paris, le 26 mars 2014) A l’occasion de la fin de la trêve hivernale des expulsions, Médecins du Monde (MdM) publie les résultats de son enquête annuelle sur l’hébergement d’urgence, réalisée à Angoulême, Lyon, Nice, Toulouse et Strasbourg. Un an après la présentation du plan quinquennal de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion, MdM souligne l’urgence de mettre fin à la gestion au thermomètre et appelle de nouveau à la mise en place de solutions adaptées.

Menée entre janvier et février auprès des personnes sans-abri rencontrées par les équipes de Médecins du Monde, l’enquête a pour objectif de mieux comprendre le parcours des personnes sans-abri dans la recherche de solutions d’hébergement ou de logement, et de mesurer l’impact des nouvelles mesures gouvernementales sur ces publics en grande précarité.
De fait, les demandes d’hébergement d’urgence ne donnent toujours pas lieu à un hébergement inconditionnel et pour tous. Parmi la centaine de personnes qui ont répondu au questionnaire, plus d’une personne sur deux n’a pas été hébergée. Dans près de 6 cas sur 10, ce sont des personnes de nationalité étrangère et elles accèdent encore plus difficilement aux dispositifs d’urgence que les ressortissants français.
L’enquête révèle également que les solutions d’hébergement sont en général de très courte durée : 70% des personnes interrogées ont eu une proposition pour trois nuits ou moins. Ces personnes se retrouvent par conséquent presque systématiquement à la rue, en dépit du principe de continuité de la prise en charge et doivent renouveler sans cesse leurs demandes auprès du 115, au risque de se décourager définitivement.

Enfin, près d’un tiers des personnes nécessitant un hébergement d’urgence présente un problème de santé. Il s’agit la plupart du temps d’un problème chronique, avec une prédominance des addictions et des pathologies d’ordre psychiatrique. Parmi ces personnes, seules 30% ont été logées par l’intermédiaire du 115 au cours de l’enquête. L’absence de couverture maladie (qui concerne 42% des personnes interrogées), le recours aux soins de façon tardive et la difficulté de suivre des traitements du fait des conditions de vie sont des facteurs aggravants pour la santé des sans-abri.

Alors que des dispositifs d’hébergement d’urgence vont à nouveau fermer à la fin du mois de mars, ces résultats mettent en évidence une saturation des dispositifs menant au non-respect des principes d’inconditionnalité de l’accueil et de continuité de l’hébergement. Ils soulignent également l’inadaptation des solutions proposées à l’évolution des publics à la rue.

Face à ces constats, Médecins du Monde recommande :

-        la fin réelle de la gestion au thermomètre de l’hébergement dans le respect des engagements pris par le gouvernement,
-        la création de structures d’hébergement ouvertes toute l’année en nombre et capacité d’accueil suffisants, avec un accompagnement social vers le logement pérenne,
-        la promotion des dispositifs d’hébergement et de logement adaptés aux besoins des publics, y compris les plus vulnérables,
-        l’augmentation des places au sein des Lits Haltes Soins Santé (LHSS) ainsi que l’amélioration de leur articulation avec les différents dispositifs sanitaires, sociaux et médico-sociaux pour les personnes malades en situation de grande exclusion.

Les critères de vulnérabilité (problèmes de santé, femmes seules) ne sont plus suffisants pour bénéficier d’un hébergement d’urgence et d’un accompagnement vers du logement pérenne. Les annonces gouvernementales mettant fin à la gestion au thermomètre de l’hébergement d’urgence doivent se concrétiser !


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