Un CADA (Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile) en Haute-Loire
Ex-camping, loin de tout
Quel suivi médical, quelle
scolarisation, quelle vie sociale,
quelles démarches… sont alors
possibles
Témoignage de Marie-Laure, bénévole à C.L.A.S.S.E.S., qui accompagne deux familles actuellement à la rue à Lyon. Un logement avait été attribué à ces familles, mais la situation géographique du foyer et les conditions d’accueil ont entrainé un refus d’hébergement. Comment s’intégrer quand l’environnement est aussi peu propice ?
En octobre, un hébergement a été proposé aux deux familles S/O dans un CADA en Haute-Loire. Ce CADA est un ancien camping recyclé en centre d’accueil pour des personnes en demande d’asile. Il est situé loin de la ville la plus proche (environ 10 km) et se trouve au milieu de la forêt.
Totalement isolés du monde extérieur, et dépendants de l’assistante sociale pour se déplacer, l’intégration à la vie locale des personnes parait difficile.
Quand sont arrivées les deux familles S/O, et selon leurs dires, ce CADA était occupé par une trentaine d’hommes seuls d’origine du Bangladesh et d’Afghanistan. Seule 1 famille y vivait. Aucune personne n’est d’origine Albanaise et la communication est difficile voire impossible pour ces deux familles albanaises avec les autres habitants.
Selon les dires des familles, dès leur arrivée, un des parents et une enfant tombent malades. Ils ont besoin de voir un docteur. La personne en charge de suivre les familles leur explique que le docteur prévoit une visite dans 10 jours, mais pas avant. Cette situation amène à s’interroger sur l’accès aux soins et plus particulièrement sur la prise en charge et le suivi de la grossesse de la maman enceinte de 5 mois.
Concernant l’école, les enfants auraient été scolarisés après les vacances scolaires de Toussaint, soit un mois après leur arrivée. De quelle façon les enfants seraient allés à l’école située à plusieurs km de leur lieu de vie ? L’assistante sociale prévoyait de gérer les allers-retours matin et soir, avec une petite camionnette, seul moyen de transport des personnes vivant dans le CADA. Les parents ne pouvaient pas les accompagner et le lien entre les familles et l’école aurait été difficile, impossible à construire. Comment suivre la scolarité des enfants, s’assurer que les enfants sont bien intégrés, acceptés dans un milieu totalement étranger, si les parents ne connaissent ni l’école, ni l’équipe enseignante, ni les parents d’élèves ?
à 10 kms de la vielle la plus proche…
Enfin si les familles souhaitaient se rendre en ville, ils devaient s’inscrire la veille et l’assistante sociale les conduisait le lendemain. Une fois arrivées, les personnes disposaient d’une heure sur place, pas plus, avant de repartir au CADA en camionnette avec l’AS. Evidemment, avec une quarantaine de personnes et une camionnette d’une dizaine de places, les déplacements en ville ne pouvaient être quotidiens et les familles devaient rester isolées dans cet ancien camping de longues journées.
Ce contexte de vie loin de la ville et des habitants ne permet évidemment pas les rencontres, et empêche à toute personne de s’intégrer à la vie locale (école, travail, associations ….).