jeudi 18 mars 2021

Mendicité sur la voie publique

 Une décision importante de la CEDH
(Cour Européenne des Droits de l’Homme)

La mendicité non agressive et hors réseau criminel n’est pas interdite

Dans un communiqué de presse du 19/01/2021, la CEDH fait part d’une décision au sujet de la mendicité sur la voie publique. La CEDH conclut que « la mesure par laquelle la requérante, qui est une personne extrêmement vulnérable, a été punie pour ses actes dans une situation où elle n’avait très vraisemblablement pas d’autres moyens de subsistance, et dès lors, pas d’autres choix que la mendicité pour survivre, a atteint sa dignité humaine et l’essence même des droits protégés par l’article 8 (droit de toute personne au respect de sa vie privée et familiale, de son domicile et de sa correspondance) ». Par cette décision, la Cour européenne condamne l’interdiction générale de la mendicité non-agressive et hors réseau criminel, cela au nom de l’extrême vulnérabilité des personnes qui sont contraintes d’y recourir pour survivre.

 LES FAITS

Madame V-S L…, roumaine de la communauté rom est née en 1992. A partir de juillet 2011, ne trouvant pas de travail, elle commence à mendier sur la voie publique à Genève, ce qui est interdit par la loi pénale genevoise. Pendant deux ans, neuf amendes d’un montant de 100 CHF (environ 93€) chacune lui ont été infligées.

En 2014, Madame V-S L… a été condamnée à 500 CHF d’amende.

Après plusieurs gardes à vue, détention provisoire, appels, en janvier 2021, la CEDH condamne l’interdiction de la mendicité non agressive dans cette situation particulière où Madame V-S L…, personne analphabète, issue d’une famille pauvre, sans travail et sans aide sociale, n’avait aucun autre moyen de subsistance que la mendicité.

« Placée dans une situation de vulnérabilité manifeste, la requérante avait le droit, inhérent à la dignité humaine, de pouvoir exprimer sa détresse et essayer de remédier à ses besoins par la mendicité. »

Voir le communiqué de la CEDH