Atelier mené par Sebastian POUSTHOMIS, médiateur scolaire chez C.L.A.S.S.E.S. .
Récit en images, ou comment des marionnettes peuvent faire bouger le lien famille-école…
Au départ du projet, un constat : une fois qu’on a dit aux familles : « C’est important d’aller à l’école ! il faut y aller !», ben … on a tout dit et on n’a rien dit.
Alors nous avons commencé à réfléchir sur le sens de l’école et la représentation que les familles peuvent s’en faire.
Assez vite, nous nous sommes rejoints sur l’idée que l’école, ce n’est pas que de l’instruction… peut-être même que ce n’est pas le plus important…
Nous avons listé les points qui peuvent freiner une scolarité réussie et empêcher un lien famille-école qui structure l’épanouissement scolaire de l’enfant. L’école avec ses codes reste finalement assez hermétique aux parents et aux enfants… comme un espace cloisonné à l’extérieur.
J’ai donc utilisé mon statut de médiateur scolaire pour tenter une expérimentation, ouvrir des brèches et permettre une circulation du dedans au dehors puis inversement. En proposant un atelier hebdomadaire sur l’année autour des marionnettes en collaboration avec les enseignants, nous espérons faire participer les parents à des activités de l’école afin qu’ils puissent prendre la mesure du formidable outil d’intégration sociale qu’est l’école.
En fonction des circonscriptions, l’accueil a été enthousiaste ou sceptique.
Puis le projet a démarré. Mes premières incursions au collège ont été reçues par des regards gênés des élèves que j’avais l’habitude de croiser en squats : comme une sorte d’intimité violée. Deux mondes (familial et scolaire) qui ne devaient pas se rencontrer.
Gêne d’autant plus embarrassante que j’ai mis en scène par les marionnettes des anecdotes de classe que seuls les élèves et l’enseignante connaissaient. Comment est-ce possible que je sache tout cela ? Cela devait rester confidentiel, circonscrit à l’école ?!
Ce projet mené dans un école primaire de Villeurbanne et un collège de Vénissieux permet de favoriser l’inclusion des élèves et contribue à la collaboration entre pairs (qu’ils soient en dispositif allophone ou pas) : assez rapidement, les enfants ont voulu se saisir des marionnettes et ont inventé des saynètes en français, à jouer ensemble.
Cela permet de plus de renforcer le partenariat avec les enseignants et de valoriser les actions de chacun : quand je vais dans les squats, mon action devient plus claire et je comprends à travers les commentaires que me font les élèves que leur regard change vis-à-vis de l’enseignante. Nos missions s’entre-mêlent alors fructueusement.
Certains élèves en difficulté scolaire peuvent valoriser leurs réelles compétences : leur habileté dans la réalisation de la colle à base de farine par exemple, alors que le professeur et moi-même nous perdons dans les proportions…
L’objectif est également de faire rentrer les parents dans l’école et qu’ils puissent échanger avec d’autres parents autour d’activités manuelles (couture des costumes par exemple ou modelage des têtes). Les conditions sanitaires nous ont privés de ce volet mais certains se sont déjà portés volontaires. Cela permettrait de faire tomber quelques barrières encore.
Sebastian Pousthomis
Un coup de peinture, un costume, et place au spectacle ! |