vendredi 28 mai 2021

Accès à l’eau dans les squats et bidonvilles

  C’est un droit fondamental

Sources Collectif National des Droits de l’Homme Romeurope

Le CNDH Romeurope travaille à l’amélioration des conditions de vie dans les bidonvilles, l’un des points importants étant l’accès à l’eau, indispensable à une vie décente. La crise sanitaire a mis en évidence l’incompatibilité du respect des gestes barrière avec l’absence d’accès à l’eau dans un périmètre raisonnable.
Lors des élections municipales de juin 2020, le CNDH Romeurope a interpellé les nouveaux élus sur l’enjeu de la résorption des bidonvilles avec la publication d’un dossier " LES ELUS LOCAUX FACE A LA RESORPTION DES SQUATS ET BIDONVILLES", en invitant les élus locaux à garantir un accès à l’eau à tous les habitants de leurs communes, quel que soit leur lieu de vie : Télécharger le dossier

En mars 2021, le CNDH Romeurope participait à une conférence intitulé « Un très inégal accès à l’eau » et présentait son expérience des bidonvilles.

Avant la crise sanitaire, 77% des lieux de vie n’avaient pas accès à l’eau sur site.

La crise sanitaire a montré
que :

  • Les habitants des bidonvilles vivent dans des conditions d’extrême précarité qui détériorent leur état de santé ;
  • La promiscuité ne permet pas de limiter la transmission des maladies (confinement difficile, accès à l’eau encore plus essentiel).
  • Des acteurs publics, préfectures, communes, se sont mobilisés localement pour l’accès à l’eau.
  • Des habitants, des associations, des collectifs se sont également mobilisés sur les terrains pour alerter sur le manque d’eau et ses conséquences, portant ces situations devant des tribunaux administratifs qui ont exigé des communes la mise en place de l’accès à l’eau sur les lieux de vie.


Les décisions des tribunaux sur la notion de quantité suffisante d’eau et/ou la distance à laquelle se trouve le point d’eau, à partir desquelles les juges ont considéré que cela expose les habitants à des conditions de vie indignes étaient variables.

Aussi des questions se posent :

  • Quelle est la distance acceptable du point d’eau ? 500 m ? 900 m ?
  • L’accès à une borne incendie est-elle une solution suffisante ?
  • Des distributions de bouteilles d’eau peuvent-elles remplacer un point d’eau ?

Difficile de s’y retrouver et de savoir quand la justice considère qu’il y a carence portant une atteinte grave à la dignité des personnes.

Les suites données aux décisions prises par les tribunaux sont variables : décision pas du tout respectée, de façon temporaire, ou nécessitant un suivi régulier pour tenir dans la durée.

Enfin il faut souligner que des expulsions intervenues pendant la trêve hivernale pour des lieux où l’accès à l’eau était devenu effectif, ont anéanti le travail des habitants, des associations et des collectifs et même des communes et préfectures.

L’accès à l’eau est un droit fondamental, cependant, nous retiendrons que même pendant la crise sanitaire, alors que le simple lavage des mains était et reste un geste essentiel pour se protéger et protéger les autres, même si des efforts ont été faits localement, nous sommes loin de la généralisation de l’accès à l’eau pour tous.
Qu’en sera-t-il après la crise du Covid ?

Que dire de la situation lyonnaise qui concerne notre association?

Par Berthe, médiatrice scolaire bénévole à C.L.A.S.S.E.S.


Globalement les occupants de chaque squat et bidonville cherchent à s‘installer à proximité d’un point d’eau telles les bornes incendie, mais cette quête peut rester vaine notamment parce que beaucoup d’abris précaires s’établissent de façon à être dissimulés des regards, de ce fait trop éloignés de ces bornes, ou d‘une fontaine.

Premier trimestre 2020, avec la crise sanitaire, beaucoup de ces personnes se sont vues proposer un hébergement ; les squats ou bidonvilles plus conséquents sont restés, ont été signalés par les membres de l’association lors de réunions régulières à la DDETS (Direction Départementale de l’Emploi, du Travail et des Solidarités, ex-DDCS), service de l’Etat, en signalant les caractéristiques et manquements en matière d’accès à l’eau notamment, mais pas que.

Chacun des sites s’est alors vu doté d’un accès à l’eau rendue potable à raison d’un point d’eau pour environ 80 personnes, installations plus ou moins rapidement établies selon les caractéristiques des sites, ou selon la vélocité des communes à pallier à ce manque : délais allant de 3 semaines à environ 2-3mois, avec un appui stratégique et technique par l’intermédiaire de la Croix-Rouge Française.

Installation plus ou moins adaptée : tel un squat de plus de 110 personnes avec un point d’eau potable initial sur site, et un 2° accès complémentaire situé à 400m sous forme d’une fontaine sur la place publique, les familles ne s’y sont pas rendues en raison de l’éloignement et aussi pour ne pas se trouver exposées aux regards de riverains. Globalement aucun suivi de l’entretien et/ou maintien de ces points d’accès.

La sensibilisation des pouvoirs publics sur la métropole lyonnaise semble effective et nos alertes entendues. Nous continuerons à sensibiliser et à alerter quand cela sera encore nécessaire...