Mars 2017. Incendie sur
un squat
Contexte
En janvier 2017, le préfet INGLEBERT, délégué à
l’Egalité des Chances, charge
l’association ALPIL de réaliser un diagnostic auprès
des habitants de 2 lieux de vie précaires sur Villeurbanne : le squat rue
Emile Decorps et le bidonville Croix-Luizet.
Ce diagnostic recense 125 personnes sur le squat Decorps, 100 de nationalité
roumaine et 25 de nationalité albanaise.
Ces familles sont suivies par l’association
CLASSES et le Comité Feyssine (comité de soutien composé d’associations
villeurbannaises et de citoyens, constitué à l’époque du bidonville de la
Feyssine à Villeurbanne). CLASSES fait un travail de médiation scolaire, qui
permet notamment qu’une vingtaine d’enfants du squat Decorps, principalement des enfants
roumains, soient scolarisés.
CLASSES et le comité Feyssine
alertent la préfecture sur la situation de dangerosité du squat, suite
notamment aux grands froids qui ont dégradé les conditions d’accès à l’eau et
de chauffage.
Les faits
13 mars à 19h : un incendie se déclare dans le squat, pas de
blessés, mais le bâtiment est interdit d’accès pour risque d’effondrement. Les
affaires restées à l’étage ne pourront être récupérées.
Une centaine de personnes,
dont beaucoup d’enfants, un bébé de 2 mois, des femmes enceintes, se retrouvent
sur le trottoir. Malgré les appels aux autorités, aucune proposition d’hébergement
d’urgence.
Mise à l’abri pour la nuit des
bébés et de leur maman par des bénévoles du Comité Feyssine dans une salle
paroissiale. La température nocturne avoisine zéro
degré.
14 mars au soir : la préfecture annonce l’ouverture de 50
places d’hébergement, mais le 115 n’a toujours aucune proposition pour les
familles. Le 115 appelle une famille, pour lui dire finalement qu’il faut
encore entendre le lendemain. Les bénévoles emmènent à nouveau les bébés à
l’abri pour la nuit.
15 mars : proposition de chambres d’hôtel pour des familles
avec jeunes enfants. 50 personnes d’après la préfecture, nous en repérons 25.
Pour les autres, l’école où
allaient les enfants informe les associations que la mairie a mis une salle à
disposition. Mais aucune information aux familles.
Environ 60 personnes passent
une 3ème
nuit sur le trottoir, avec la
fatigue, la faim, le découragement devant l’absence de représentants de l’Etat sur
le terrain.
16 mars
La mairie confirme aux
associations l’ouverture d’une salle prévue pour le soir même. Mais le soir,
ils sont toujours sur le trottoir, et y passent leur 4ème nuit.
17 mars
En réunion en préfecture,
explications : la salle municipale a été proposée la veille aux albanais
uniquement. Pour les roumains repérés par le diagnostic, un hébergement
temporaire de 50 places va ouvrir le soir-même.
A 16h, le 115 n’est toujours
pas au courant, et l’inquiétude monte. Les appels du 115 aux familles
commencent à 17h, mais le 115 est obligé de solliciter les bénévoles pour
informer les personnes injoignables au téléphone.
39
personnes sont accueillies le 17 au soir en hébergement temporaire, qui devrait
durer 4 mois.
Restent sur le trottoir 3
familles du squat qui n’étaient pas présentes au moment du diagnostic.
Notre position
Nous nous réjouissons de la proposition d’un hébergement
temporaire pour les personnes concernées par le diagnostic. Mais nous sommes
scandalisés qu’aucune
solution d’urgence n’ait été proposée
suite à l’incendie.
Pendant ces 4 jours :
Sur le trottoir, conditions de survie critiques, sans
moyen de cuisiner, de dormir au chaud, de se laver. La scolarisation est
interrompue en raison des conditions de vie, et de l’incertitude totale dans
laquelle sont maintenues les familles.
Positionnement très compliqué pour les bénévoles présents
: contradiction entre les annonces faites en préfecture et en mairie, et les
propositions sur le terrain. Que répondre aux familles ?
A part le passage de Médecins du Monde et du Samu Social,
quelques bénévoles assurent seuls le soutien des familles, et la mise à l’abri des plus fragiles pendant
2 nuits. Pour l’orientation le 5ème jour vers le lieu d’hébergement,
en l’absence sur place de représentants de l’état, ce sont encore eux qui se
trouvent obligés de relayer la liste établie par le 115 aux personnes
concernées, et donc de gérer la détresse des personnes non hébergées.
Rue Emile Decorps : 4 nuits sur le trottoir sous une
couverture…