SORTIR DU
BIDONVILLE :
COMMENT TROUVER SA
PLACE ?
Actes du colloque du 14 octobre 2016
à Lyon
Colloque organisé par l’association
C.L.A.S.S.E.S.
En partenariat avec l’Ecole Santé
Social du Sud Est
INTRODUCTION
Enjeux
et objectifs du colloque
Environ 1500 migrants
européens précaires, principalement originaires de Roumanie, vivent en squats,
bidonvilles ou chez des marchands de sommeil dans l’agglomération lyonnaise. La
majorité de ces personnes sont en famille, avec de jeunes enfants.
Les acteurs publics et
associatifs se heurtent à de nombreuses difficultés dans les réponses à
apporter à ces situations d’extrême précarité, souvent aggravées par des
expulsions récurrentes des lieux de vie (en 2014 en Rhône Alpes, une personne
vivant en squat ou bidonville avait été expulsée en moyenne plus de deux fois
de son lieu de vie[1]).
Malgré de nombreuses initiatives[2],
des centaines de personnes demeurent sans solution, et éloignées des
dispositifs d’hébergement, de logement, d’accès à l’emploi ou de scolarisation.
Ce colloque visait à réunir
éducateurs, travailleurs sociaux, enseignants, élus, bénévoles, habitants ou
anciens habitants de bidonvilles, pour ouvrir des pistes de travail sur
l’accompagnement des familles vivant dans la précarité extrême et sur la prise
en charge des jeunes non scolarisés, et pour rendre plus efficace le travail de
partenariat entre professionnels et bénévoles. Quatre axes ont été privilégiés,
et explorés de différentes manières :
·
Mettre l’accent sur des parcours réussis et sur les principaux facteurs ayant joué dans ces
parcours. Louis Bourgois a ainsi été sollicité pour présenter les résultats
de l’étude menée par l’association Trajectoires auprès de 50 familles sorties
de bidonvilles.
·
Identifier les freins particuliers à la scolarisation et à la formation des jeunes
entre 12 et 18 ans, à travers la présentation de l’enquête menée par le
CDERE – Collectif pour le Droit des Enfants Roms à l’Education sur l’accès à
l’école et la formation des jeunes de 12 à 18 ans.
· Mettre en lumière les risques et dangers pesant sur ces jeunes, en matière notamment
d’exploitation et de traite. Guillaume Lardanchet, directeur de l’association
Hors la Rue spécialisée dans l’accompagnement des jeunes migrants en errance a
été sollicité pour présenter les actions de cette association ainsi que les profils et problématiques des jeunes
rencontrés.
·
Comprendre la
façon dont les personnes concernées – habitants de squats et bidonvilles –
perçoivent les dispositifs et les acteurs en présence, et analysent les
freins et facilitateurs à l’insertion. Le choix a ici été fait d’une table
ronde exclusivement composée de personnes présentes en France depuis plusieurs
années, et ayant connu des trajectoires ascendantes en matière d’insertion.
Plus de 120 personnes ont
participé à cet évènement, provenant d’univers très divers. Les échanges ont
été riches, parfois passionnés, parfois marqués par certaines tensions. Ceci
reflète selon nous la réalité de terrain, et les débats existant entre acteurs.
Le présent document vise à refléter, de manière non exhaustive, la teneur des
présentations et des échanges.
1. Sortir du bidonville : résumé de l’intervention de Louis Bourgois sur des parcours d’insertion « réussie »
Doctorant au sein du
laboratoire PACTE et membre de l’Observatoire Des Non-recours aux Droits, Louis
Bourgois présente les principaux résultats de l’étude « du bidonville à la
ville : vers la « vie normale ? » : parcours
d’insertion de personnes ayant vécu en bidonvilles en France »[3].
Cette étude a été menée en 2015 par 4 chercheurs de l’association TRAJECTOIRES
auprès de 50 ménages ayant vécu en bidonvilles[4].
L’objectif de cette recherche était de comprendre les stratégies et outils mis
en place par les personnes pour ouvrir leurs droits, s’insérer professionnellement
et accéder durablement à un logement digne. Plus précisément, la recherche vise
à identifier les facteurs clefs de réussite de ces parcours, et notamment : les
facteurs liés aux ressources des familles ; les facteurs liés aux
dispositifs de droit commun ; les facteurs liés aux politiques sociales
locales.
Les résultats obtenus se
basent sur des entretiens menés de mars à juillet 2015 auprès de 50 personnes
ayant vécu en bidonvilles ou en squats. L’ensemble des personnes connaissaient,
au moment de l’entretien, une situation « stabilisée » en matière d’emploi,
de logement, de situation administrative et de scolarisation des enfants (voir
les critères retenus dans la partie « méthodologie »).
4 types de stratégies d’insertion ressortant des entretiens
Les entretiens menés font
ressortir 4 types de stratégies d’insertion singulières et cumulatives.
·
La
catégorie des “protégés” concerne des individus et des familles qui ont
noué une relation très forte avec un membre d’une association, d’un collectif,
un représentant d’une collectivité locale ou un particulier. Parmi les
“protégés”, on trouve souvent des personnes ayant un problème de santé au sein
de leur foyer et/ou un niveau scolaire faible. Leur insertion dépend en grande
partie de l’intervention du protecteur pour les faire accéder au droit commun
et leur trouver un travail. Elle peut se faire assez rapidement mais demeure
incertaine car dépendante du réseau de connaissances du protecteur.
·
La
catégorie des “sélectionnés” correspond aux individus ou aux familles qui
ont été sélectionnés dans un projet dédié prenant souvent la forme d’une MOUS
(Maîtrise d'Œuvre Urbaine et Sociale). Ils ont souvent un niveau scolaire
supérieur aux autres catégories (niveau lycée). Bien qu’ils aient bénéficié
d’une prise en charge de longue durée, le processus d’insertion professionnelle
ne s’est enclenché que dans les derniers mois de la prise en charge ce qui rend
cette dernière souvent fragile.
·
La
catégorie des “autonomes” correspond aux personnes qui ont pu s’insérer
grâce à leur connaissance des dispositifs de droit commun. Elles ont un niveau
scolaire hétérogène mais ont en commun une bonne maîtrise du français.
L’insertion s’est faite essentiellement via la recherche en direct d’un
employeur. Ce type de stratégie apparaît dans l’étude comme la plus solide dans
la durée.
·
Enfin,
les “communautaires” sont les personnes qui passent exclusivement par des
proches issus des mêmes localités d’origine pour trouver un travail, un
logement, avec une nécessité de réciprocité et de respect d’un certain nombre
de valeurs internes au groupe d’appartenance. Cette stratégie d’insertion est
possible grâce à la présence relativement ancienne de personnes de ce groupe
déjà insérées. Contrairement aux idées reçues, au sein de notre échantillon
aucun individu ayant recours à cette stratégie ne se déclarait “Rom”.
Éléments d’analyse transversaux sur
les parcours
Il ressort de l’étude certains
éléments d’analyse qui pourront alimenter la réflexion des acteurs politiques,
sociaux et associatifs. Ainsi à travers les parcours :
·
Le capital initial des familles semble avoir un
impact relativement faible sur les stratégies et la durée de l’insertion à
l’inverse du capital acquis en France. L’école en France et la maîtrise de la
langue française ont une réelle importance dans les parcours et les stratégies
des personnes.
·
L’accès au droit commun demeure souvent
conditionné à une situation exceptionnelle. L’insertion se révèle alors comme
la conséquence d’une situation d’extrême urgence.
·
Le bidonville ressort à travers plusieurs
entretiens comme un espace de vie et de sociabilité, ainsi que comme un lieu
permettant dans certains cas de réaliser des économies financières, et de
tisser un premier réseau de solidarité. Il est ainsi perçu a posteriori par ces
familles comme une étape dans le processus d’insertion bien que les conditions
de vie y soient considérées comme extrêmement difficiles.
·
L’insertion via le logement ne suffit pas si
elle n’est pas associée à une insertion professionnelle. Les démarches autour
du logement sont rarement comprises par les personnes. Le DAHO et le DALO ne
sont que peu mobilisés par les militants.
·
Enfin, ressort de manière forte et transversale
une certaine « incarnation » du parcours à travers une figure
centrale, qu’il s’agisse d’un bénévole, d’un professionnel, d’un citoyen, avec
qui une relation de confiance et de long terme s’est instaurée.
Enfin, et sans que ceci n’ait
pu faire l’objet d’une analyse approfondie, l’étude met en avant certains
« coûts de l’insertion » tels que ressentis par les personnes,
qu’il s’agisse d’un coût familial (dû par exemple à l’impossibilité dans
certains dispositifs d’accueillir sa famille dans son logement), d’un coût
économique (par exemple dans le cas d’une formation rémunérée mais qui génère
moins de revenus que les activités informelles), ou psychologique (par exemple
dans le fait de devoir rendre des comptes à un ensemble d’interlocuteurs sur la
gestion de son budget, la scolarisation de ses enfants, etc….).
2. Ados en bidonvilles et squats : l’école impossible ? Présentation par Elisabeth Gagneur du rapport du CDERE sur la scolarisation des jeunes de 12 à 18 ans
L’association C.L.A.S.S.E.S qui agit sur le territoire du Grand Lyon,
fait partie du collectif national Romeurope et du CDERE, Collectif pour le
Droit des Enfants Roms à l’Ecole. Ce collectif a décidé en 2015 d’alerter les
pouvoirs publics sur la non scolarisation des adolescents vivant en squat et
bidonville. Une étude a été lancée par les militants dont ceux de
C.L.A.S.S.E.S, et un rapport publié et
communiqué aux autorités, dont Elisabeth Gagneur, de C.L.A.S.S.E.S., présente
les principaux résultats[5].
Cette enquête a concerné 34 terrains ou squats répartis sur le
territoire français et 161 jeunes entre 12 et 18 ans. Le résultat principal est que 53% des jeunes (12-18 ans) vivant en
squat ou bidonville ne sont pas scolarisés au moment de l’enquête ; la
proportion correspondante pour l’ensemble des jeunes vivant en France est de
7%.
Ce taux de non-scolarisation interpelle d’autant plus que l’enquête a
été menée dans des lieux de vie où interviennent des associations qui
accompagnent les familles. La proportion est surement encore plus forte sur les
lieux non suivis par des associations.
La non-scolarisation augmente avec l’âge : chez les garçons elle
est de 29% à 12-13 ans, de 50% à 14-15 ans et de 96% de 16 à18 ans ; chez
les filles de 50% à 12-13 ans, de 36%
à 14-15 ans et de 95% de 16 à 18 ans.
Ces chiffres viennent confirmer nos inquiétudes pour des
adolescents qui ne sont pris en charge dans aucune structure, qui sont
laissés à l’abandon, le mot n’est pas trop fort. Ils font un apprentissage de
la vie qui ne les rapproche pas des autres adolescents, et ils sont conscients
de l’injustice qui leur est faite.
3. Comment répondre aux situations de danger et besoins de protection des jeunes ? Intervention de Guillaume Lardanchet
Guillaume
Lardanchet, directeur de l’association Hors la Rue, présente les réponses
apportées par l’association aux problématiques spécifiques des mineurs
étrangers en errance à Paris, dont de nombreux jeunes habitant les squats et
bidonvilles et originaires d’Europe de l’Est.
Origines de l’association
Hors La Rue, association basée
à Montreuil en région parisienne, accompagne depuis une quinzaine d’années les
mineurs en danger. Elle est l’émanation d’une fondation soutenant une
association roumaine créée dans les années 90 pour les enfants vivant dans la
rue à Bucarest.
Au début des années 2000,
apparaissent dans les rues de Paris des enfants roumains qui commettent des
vols aux bornes de parcmètre. Ces enfants
semblent vivre seuls, ne parlent pas aux adultes et ne demandent pas d’aide.
Grace au dispositif
« Versini » créé par la Secrétaire d’Etat aux Solidarités,
l’association Hors la Rue voit alors le jour, avec la vocation de repérer,
accompagner et orienter ces mineurs en danger. Une maraude spécialisée avec des éducateurs roumanophones va à la
rencontre des enfants, afin de faire le lien entre l’errance et les
institutions. Après création d’un lien de confiance, un accueil en centre de
jour est proposé, des demandes de scolarisation émergent. Tous ces enfants
auront ensuite un parcours d’insertion exemplaire.
Fonctionnement actuel et public accueilli
En 2017, l’association
fonctionne toujours avec une équipe mobile comprenant éducateurs, psychologue,
et art thérapeute. Tous interviennent tour à tour sur le terrain et au sein de
l’accueil de jour. Environ 250 nouveaux
jeunes sont accueillis par an. Pour la moitié d’entre eux, un suivi se met en
place.
Le centre de jour propose aux
jeunes : douche, lessive, repas préparé et pris en commun, activités
socioéducatives, cours de français, sur le mode de la libre adhésion. S’y
croisent des jeunes d’origines, profils et problématiques différentes. C’est
une richesse pour tous, une source de sociabilité, d’échange. Il est important
de ne pas cloisonner, ce sont d’abord des enfants, avant d’appartenir à telle
ou telle communauté.
L’association travaille
principalement avec des enfants seuls. L’approche est différente pour les enfants vivant avec leurs parents. Hors la
Rue intervient à l’extérieur des bidonvilles, dans l’espace public. D’autres
interviennent à l’intérieur des bidonvilles. Pour créer du lien avec les
enfants et mieux les connaitre, il est important de les rencontrer loin de
leurs contraintes familiales.
Ces dernières années, le
public parisien des enfants à la rue a évolué, Hors la Rue identifie quatre
catégories différentes :
·
les
mineurs étrangers isolés qui demandent l’accueil en France. Ils sont à leur
arrivée évalués par les services des Conseils Départementaux, qui contestent
souvent leur minorité. Ils se trouvent alors dans une « zone
grise » : considérés majeurs par la Protection de l’Enfance, ils ne
sont pas pris en charge, considérés mineurs par le tribunal administratif et
l’hébergement d’urgence, ils n’ont pas accès aux centres d’hébergement. Ils
sont en grand danger. Hors la Rue les accueille, les accompagne dans leurs
démarches juridiques, ils sont très assidus au centre de jour et aux cours de
français.
·
les enfants
roms en bidonville avec leurs parents. Ils vivent dans une très grande
précarité, et subissent l’errance causée par les expulsions à répétition de
leurs lieux de vie. A chaque fois tout est à reconstruire, sur un lieu parfois
très éloigné du précédent. Ces expulsions et cette précarité entrainent des
difficultés d’accès à l’école, puis la déscolarisation. Pour les ados, c’est le
risque de la petite délinquance, de la
consommation de produits illicites. Ils se mettent en danger sans toujours s’en
rendre compte.
·
les
jeunes en situation de prostitution, situation bien connue des pouvoirs
publics, mais contre laquelle il est très difficile de lutter. Ces jeunes
demandent un accompagnement et des aides bien spécifiques.
·
les
mineurs roms victimes de traite. Ces mineurs, contraints à commettre des
délits, sont traités comme des délinquants, vont beaucoup en prison, alors
qu’ils sont d’abord des victimes de traite. Leurs actes, très médiatisés, sont
utilisés pour entretenir les préjugés à l’encontre des roms, alors qu’ils
représentent un groupe très minoritaire.
Ces différents publics
relèvent tous de la Protection de l’Enfance, et de l’enfance en danger. Nous
tenons à l’appellation « mineurs étrangers en danger », afin de
rester dans le cadre du droit commun.
Interrogations
Nous naviguons comme beaucoup
d’associations de terrain sur une ligne de crête entre alerte des pouvoirs
publics, dénonciation, et coopération
nécessaire dans la recherche de solutions.
Par exemple, la mendicité avec
les enfants dérange, et préoccupe les élus. On parle de mise en danger de l’enfant,
d’exploitation, alors que la maman garde souvent son enfant avec elle dans un
souci de protection pour ne pas le laisser seul.
Sur Paris, aucune équipe de
protection ne va dans la rue à la rencontre des enfants et des jeunes, il le
faudrait pourtant, pour avoir une vraie connaissance des situations et dépasser
les préjugés. On voit des enfants enlevés à tort à leurs parents.
Le Conseil Départemental de
Paris demande aux associations de terrain de transmettre des informations
préoccupantes, et d’en faire l’évaluation, ce qui ne nous est pas possible si
nous voulons garder la confiance des jeunes.
Nous saluons la création à
Paris d’un « Espace de Solidarité et d’Insertion » pour les familles
à la rue, nous essayons d’y orienter les familles. Ce travail de sas entre la
rue et le droit commun est indispensable.
Sur Lyon, il faudrait pour
avancer contacter les associations de Protection Spécialisée pour voir comment
elles pourraient travailler avec ces enfants, la difficulté étant que la
Protection Spécialisée est très territorialisée, alors que ces enfants sont
très mobiles. Il faudrait que le cadre d’intervention de la Protection
Spécialisée évolue pour mieux s’adapter à ce public.
4. Freins et facilitateurs de l’insertion vus par les personnes elles-mêmes : résumé de la table ronde
Table ronde avec les personnes concernées : comment et pourquoi ?
Dès l’origine
du projet il a été décidé de faire activement participer au colloque des
personnes ayant habité en bidonville, et connaissant aujourd’hui des situations
relativement « stabilisées », au moins pour ce qui est du logement.
Il s’agissait d’une première pour l’association C.L.A.S.S.E.S.
Notre volonté
était de dépasser le simple témoignage
pour que les personnes puissent apporter leur regard sur les dispositifs
d’insertion, les acteurs qu’elles rencontrent, les difficultés auxquelles elles
se sont confrontées, les « facilitateurs » dans l’accès aux droits.
Il s’agissait d’apporter un regard
complémentaire et forcement différent de celui des acteurs – professionnels
et bénévoles – qui travaillent auprès des personnes. Il s’agissait également de
mettre en avant les ressources des personnes, leurs capacités à surmonter les
difficultés et à établir des stratégies d’accès aux droits. Enfin, notre
volonté était de démontrer l’importance
et la pertinence de la propre parole des personnes, trop souvent ignorée malgré
les nombreux discours sur la « participation ».
Une dizaine
de personne a été identifiée, en fonction de leur situation, de leur capacité
supposée à intervenir devant un public nombreux, et en s’assurant du fait
qu’une telle intervention ne risquait pas de les « mettre en danger »
au regard des démarches en cours. Deux
réunions de préparation ont été organisées avec l’ensemble de ces
personnes : une première pour présenter le projet de colloque, et - sur base d’un échange assez libre –
identifier les thématiques que les personnes souhaitaient aborder, en fonction
de leur parcours. La seconde réunion pour resserrer le nombre de thématiques et
préciser qui interviendrait sur quel sujet. Ces réunions extrêmement riches ont
nécessité un fort investissement en temps et coordination. Au-delà des
bénévoles de CLASSES avait été sollicité un chercheur pour faciliter les
échanges et apporter un regard extérieur.
Afin de ne pas trop influencer la parole des personnes, il fut également
décidé que l’animation de la table ronde serait assurée par une personne
extérieure à l’association, bien que connaissant son activité, présent lors des
réunions de préparation.
Sur la
dizaine de personnes impliquées dans la préparation du colloque, quatre ont
effectivement participé à la réunion. Quatre autres personnes avaient entre
temps trouvé du travail et n’étaient plus disponibles le jour du colloque.
·
Deux intervenants, R. et A., (l’une présente en
France depuis 11 ans, l’autre depuis 3 ans) ont notamment habité sur le
bidonville de la Feyssine à Villeurbanne. A l’expulsion du site, elles ont
chacune intégré un logement à Villeurbanne dans le cadre du projet I2E[6],
l’une avec son mari, l’autre avec son épouse et leurs enfants.
·
M. a vécu plusieurs années entre des
hébergements chez des tiers, la rue, des porches d’église. Arrivée en France en
2011 en raison d’un problème de santé de l’un de ses enfants, elle occupe
aujourd’hui un logement social (via l’ALPIL[7])
et travaille comme aide-ménagère auprès de plusieurs employeurs individuels.
·
I., encore mineure, a vécu dans la rue et dans
une voiture pendant plusieurs mois. Elle vit actuellement en foyer avec sa
famille.
Retour sur les principales thématiques abordées
Les intervenants soulignent les difficultés liées aux conditions de vie
Les enfants se sentent
différents des autres à cause de problèmes d’hygiène, d’habillement, ils sont
gênés, le disent à leurs parents. Même s’ils aiment l’école, ils peuvent être
amenés à la quitter pour ces raisons. Quand la précarité perdure pendant des années,
les parents ont peur pour la scolarité de leurs enfants.
et aux expulsions répétées de lieu de vie
Ces expulsions obligent les
enfants à changer souvent d’école, et provoquent des interruptions de parcours
scolaire ; R. qui a subi une dizaine d’expulsions témoigne de la violence
des expulsions répétées sur les enfants. Les intervenants mentionnent également
la déscolarisation due à l’anticipation de ces expulsions.
Sur la scolarisation des jeunes filles
Certains parents par tradition
marient les filles très jeunes, dès qu’elles ont un petit ami. La jeune fille
rejoint alors généralement la belle-famille. Mais chaque famille est
différente, ces pratiques ne sont pas généralisées, et tendent à se réduire.
Aujourd’hui, beaucoup pensent que les jeunes doivent faire des études. L. mentionne
les deux sœurs dans sa classe qui ont arrêté l’école lorsque la plus grande est
tombée enceinte. Par contre, elle-même souhaite poursuivre ses études, avoir un
diplôme et ne se marier qu’après.
La volonté, facteur de réussite
Les deux intervenantes ayant
été scolarisées en France alors qu’elles vivaient en bidonville ou à la rue
tiennent à insister sur l’importance de la volonté, à la fois des enfants et de
leurs parents. Ainsi selon I. :
« les autres disent que c’est trop
compliqué d’aller à l’école quand on dort dans une voiture ou à la rue, c’est
vrai, j’ai vécu des temps difficiles, mais je vivais avec ma famille, ça m’a
aidé à aller plus loin, je n’avais pas envie de rester dans une voiture toute
ma vie. Si tu ne progresses pas, tu n’auras rien ! Je vais avoir mon
CAP cuisine, c’est ça que je veux, c’est bien d’avoir un diplôme. »
La difficulté, l’attente
Comme cela avait été souligné
auparavant par Louis Bourgois dans sa présentation de l’étude TRAJECTOIRES, de
nombreuses familles peuvent vivre de longues années en squat ou bidonville sans
aucun contact avec des travailleurs sociaux. C’est ce que les auteurs de
l’étude ont appelé la « phase grise ».
Lorsque des liens sont
établis, les démarches paraissent longues, et parfois vouées à l’échec : « c’est très long, il faut attendre, on nous
dit qu’on n’est pas les premiers, que d’autres ont plus besoin que nous » ;
« Ils n’ont rien à nous proposer,
même pas juste une chambre pour la famille, il faut attendre »
« Mes parents ont vécu 10 ans à la rue avant d’avoir une
proposition d’hébergement, c’est trop long ». Cependant, les
intervenants soulignent l’importance de continuer les démarches : « il ne faut pas te laisser abattre, il faut
demander de l’aide », mais aussi d’être soutenus par les travailleurs
sociaux : « On a besoin qu’on
nous donne du courage, qu’on nous dise qu’on va y arriver, et qu’on ne nous dise
pas que rien n’est possible ». « C’est
facile à raconter, mais ce n’était pas facile à vivre. »
Le besoin d’aide et les attentes vis à vis des travailleurs sociaux et
des accompagnants
Les intervenants sont
longuement revenus sur les liens avec les travailleurs sociaux et accompagnants,
avec des propos parfois marqués par une certaine méconnaissance des contraintes
et du rôle des assistants sociaux notamment. Cependant, est apparu également
une intériorisation de certaines de ces contraintes, et de ce que les travailleurs
sociaux sont en mesure ou non d’effectuer. « Je ne dis pas qu’ils doivent nous trouver un appartement, mais ils
doivent nous expliquer ce qu’on doit faire, nous pousser. On est étrangers, on
ne sait pas, on est d’un autre pays, où il y a d’autres règles » ;
« Beaucoup croient qu’on se
débrouille tout seul, mais ce n’est pas vrai. »
Les intervenants sont
également revenus sur la difficulté d’établir un dialogue permettant de faire
saisir l’ensemble de leur situation. Ces difficultés peuvent être liées à la non maitrise de la langue, qui représente
un obstacle majeur : « Pendant
10 ans je n’ai pas su m’exprimer bien, claire, avec les assistantes sociales,
et cela me faisait perdre beaucoup de confiance en elles et en moi» ;
« Il faut bien parler à l’assistante
sociale pour qu’elle te comprenne, et comprenne que ce n’est pas si facile. ».
Par ailleurs, certains
intervenants ont exprimé une certaine incompréhension devant la disparité de
traitement d’un territoire à l’autre (en Maison du Rhône notamment) :
« plusieurs AS de Vénissieux m’ont
dit qu’elles ne pouvaient pas m’aider, et quand j’ai dit que je connais une AS
de Lyon qui a aidé des familles, on m’a dit : ici, on n’est pas à Lyon ».
Enfin, tous ont témoigné que
l’aide apportée par une ou plusieurs personnes avait joué un rôle clé dans leur
parcours d’insertion. Ils ont cité des travailleurs sociaux, enseignants,
professionnels de la santé, des structures d’insertion par le logement et par
l’emploi, des bénévoles de CLASSES ou de Médecins du Monde. Pouvoir identifier
une personne de confiance, quel que soit son statut, est essentiel. Ceci
rejoint les conclusions de l’étude de Trajectoires présentée précédemment, qui
met l’accent sur le fait que, dans le discours des personnes, leur parcours d’insertion est très souvent
« incarné » à travers une personne avec qui des liens étroits se
sont créés.
Complémentarité entre professionnels, bénévoles et personne accompagnée
Plusieurs intervenants à la
table ronde mettent en avant le fait que certaines démarches n’ont pu aboutir
que grâce à un travail en commun de plusieurs acteurs. M. décrit ainsi comment le travail concerté
entre l’assistante sociale de la MDR, la bénévole de Classes et l’association
ALPIL ont abouti finalement à son logement en appartement, l’assistante sociale
ayant assuré le montage et suivi du dossier, et la bénévole les accompagnements
physiques aux rendez-vous. La famille d’I., elle-même étant accompagnée par
C.L.A.S.S.E.S. pour sa scolarité, a ensuite été prise en charge par l’équipe de
professionnels du collège qui l’a soutenue au quotidien, et les a aidés à
obtenir un hébergement d’urgence. Ce travail en complémentarité est un fort
marqueur sur l’ensemble des parcours, aucune solution pérenne n’étant le fruit
d’une seule intervention.
Plusieurs intervenants
soulignent la place particulière du bénévole : il rencontre les familles
sur leur lieu de vie, n’a pas les contraintes horaires d’un professionnel, peut
continuer à suivre les familles après leur déplacement sur une autre commune. « G. m’a aidée pour aller à l’école, elle est
venue tout le temps nous voir, et E. aussi, nous a écoutés, demandait si tout
se passait bien à l’école ». Cette valorisation des bénévoles et de
certains professionnels d’associations comme Médecins du Monde semble surtout
lié à deux dimensions : d’une part les visites régulières de ces acteurs dans les lieux de vie des personnes,
permettant une prise en compte de l’ensemble des contraintes
quotidiennes ; d’autre part la continuité
du suivi malgré les expulsions, dans la mesure où ces associations ne sont
pas sectorisées.
Les préjugés
Sans que ceci ne soit central
dans les propos, certains intervenants sont revenus sur certains préjugés
qu’ils ont pu ressentir au cours de leur parcours. Par exemple, concernant
l’accès au logement, la crainte exprimée par les acteurs ou par les voisins que
le logement soit « envahi » par la famille élargie. I. :
« La vérité, c’est qu’on aime notre
famille, mais si on a un logement, on ne va pas y vivre tous
ensemble ! ».
L’accès à l’emploi est une étape centrale dans les parcours
d’insertion, à la fois en termes de revenus mais aussi d’accès aux autres
droits, ou de stabilité psychologique et familiale. A noter que cet accès à
l’emploi était fortement limité avant le 1er janvier 2014, du fait
des « mesures transitoires » mises en place par la France et
interdisant l’accès à la plupart des emplois aux citoyens roumains et bulgares.
La plupart des intervenants de la table ronde semblent dans un certain
entre-deux, leurs emplois étant soit temporaires (CDDI, CDD, souvent à temps
partiel), soit relativement fragiles car liés à des réseaux interpersonnels
(activité d’aide-ménagère chez des particuliers).
L’un des intervenants de la
table ronde, qui vient de trouver un CDDI au sein d’une entreprise de nettoyage
revient sur son parcours en matière d’accès à l’emploi, et sur les recherches
effectuées avec l’appui du programme I2E dans lequel il est intégré. « Je suis passé dans les intérim, partout, il
fallait la fiche de liaison Pole Emploi, je ne trouvais pas de travail tant que
je ne l’avais pas, dès que j’ai eu cette fiche, c’était bon ». Cette
intervention amène des précisions de la
part de Benoit Aurenche, responsable de ce programme. Il confirme que les
adultes n’étaient au départ pas inscrits à Pole Emploi, selon la décision de la
préfecture, du fait d’un accompagnement spécifique à l’emploi au sein même du
programme. Ils en recevaient seulement les
offres non pourvues. Mais ils ont besoin de la fiche IAE fournie par Pole
emploi pour travailler avec les entreprises d’insertion. « L’idée n’est pas de couper les gens dans
leur élan s’ils ont envie de s’insérer et d’avoir accès à ces dispositifs. Si
quelqu’un comme A. fait ces démarches seul et avec son réseau, nous le
soutenons. »
R. revient quant à elle sur l’importance des Missions Locales, qui
accompagnent les jeunes vers l’emploi, via notamment des formations en lecture et écriture du français.
Louis Bourgois souligne l’importance,
pour les acteurs accompagnant les personnes, de consolider leur expertise sur
ce champ de l’emploi, qui demeure souvent limitée.
Sans que ce ne soit prévu, les
participants à la table ronde ont tenu à conclure ce moment :
M. : Il ne faut pas oublier ceux qui sont encore à la rue, qu’est-ce qu’on
fait pour eux ?
Merci de ne pas juger les personnes, toutes les personnes que vous voyez
et ne connaissez pas !
R.: le plus important, c’est si vous nous avez compris. On vous a dit la
vérité ; peut-être que vous avez compris, imaginé, comment on vit sans
aucun revenu.
I. : Je me sens bien parce que je me suis exprimée, en face de vous. Je vous ai dit toute la vérité, même si elle
est bizarre… C’est ça la vie !
Lors du colloque, cette
table ronde a provoqué de nombreuses réactions, extrêmement diverses :
dans le questionnaire en ligne auquel ont répondu 34 personnes, les retours
sont très tranchés : si beaucoup saluent la qualité et l’importance de
cette prise de parole, d’autres évoquent un malaise quant à certains propos,
voire un sentiment d’instrumentalisation de la parole des personnes. Certains
commentaires mentionnent un supposé parti pris du facilitateur de la table
ronde, consistant à influencer les participants dans leur critique des
« assistants sociaux » dans leur ensemble. En parallèle, le rôle des
bénévoles, ceux de C.L.A.S.S.E.S particulièrement, a été à plusieurs reprises
mis en valeur. Pour notre part, tout en rejetant toute intention
d’instrumentalisation de la part de l’animateur, nous concluons que les enjeux
et contraintes de l’animation ont peut-être été sous-estimés, malgré un
important travail de préparation. Cette
première expérience a fait ressortir l’immense difficulté à animer un échange
réunissant des personnes s’exprimant parfois avec difficulté en français (ce
qui ne leur permet pas toujours de s’exprimer avec toutes les nuances et
précisions qu’ils souhaiteraient), n’ayant aucune habitude de prendre la parole
en public, et vivant des situations individuelles extrêmement complexes. Par
ailleurs, - et c’est là une des conclusions importantes de cette journée, ils
ne maitrisent pas forcément l’organisation du travail social en France, les
cadres institutionnels à l’intérieur desquels agissent les différentes
personnes qu’ils sollicitent : professionnels, élus, bénévoles. Le travail
souterrain, administratif, réalisé par les travailleurs sociaux, leurs marges
de manœuvre, missions, cadre d’intervention, sont mal connus. La complexité et
la sensibilité des sujets abordés rendaient particulièrement difficile
l’exercice, et ont pu mener à certaines maladresses.
Nous regrettons que ces contraintes aient pu brouiller ou
ne pas rendre plus accessibles certains propos extrêmement pertinents et riches
tenus par les personnes. Nous retenons
cependant que cette table ronde a permis à de nombreux participants de mesurer
certaines contraintes vécues par les personnes, et d’entendre leur perception
du contexte et des interventions sociales.
Des retours des participants et des échanges ultérieurs en
équipe, nous retenons les pistes suivantes, si cet exercice de participation
directe des personnes devait être reconduit :
·
Prévoir
un système souple de traduction permettant aux personnes qui le souhaitent
d’apporter des précisions dans leur langue d’origine.
·
Favoriser
un travail en petits groupes avec des participants et des personnes concernées,
afin de permettre un échange plus
approfondi sur certains sujets, et une prise de parole plus équilibrée.
·
Au
lieu d’une table ronde réunissant uniquement des personnes concernées,
favoriser des échanges entre une personne et un intervenant, sur un thème précis,
ceci nécessitant une préparation importante et des rencontres en amont.
·
Intégrer
des intervenants sociaux (assistants sociaux notamment) au travail de
préparation.
5. Pistes de réflexion et de travail évoquées lors du débat de fin de journée
Ce colloque, au-delà des
enjeux de connaissance sur les parcours et difficultés d’insertion des
personnes vivant en bidonville, avait pour objectif d’identifier des pistes
d’action concrètes. Voici un résumé des principales contributions et
propositions, dont certaines ont été réfléchies par l’équipe de C.L.A.S.S.E.S.
après le colloque, sur la base des
échanges.
Formation des enseignants
Principaux
constats et réflexions apportés par les participants au colloque
Des échanges avec la salle
sont ressortis les éléments suivants :
·
Les assistantes
sociales scolaires jouent un rôle de lien entre familles et enseignants,
qui peuvent être démunis devant certaines situations.
·
Les enseignants développent des ressources pour
faciliter l’intégration de l’enfant, par un accueil et une prise en charge
spécifique. Certains vont rencontrer les parents sur leur lieu de vie.
·
Beaucoup d’enseignants sont déjà sensibilisés.
Il y a de la bienveillance dans les écoles.
·
Les associations
de parents d’élèves se sont beaucoup mobilisées pour les familles en
difficulté. Elles peuvent aussi jouer un rôle de relais entre enseignants et
parents.
Propositions et
pistes d’actions
1. Intégrer
à la formation des enseignants des éléments sur les conditions de vie des
enfants, sur la prise en charge des enfants « différents ».
2. Organiser
des visites d’établissement, des temps de rencontre avec les parents, pour
favoriser l’intégration des familles migrantes.
Information aux droits et accès aux droits
Principaux
constats et réflexions apportés par les participants au colloque
Durant les échanges les
questions suivantes sont apparues :
·
Comment faire évoluer nos pratiques, afin que
les personnes suivies puissent mieux se saisir des informations sur leurs
droits ?
·
Comment favoriser l’insertion par un meilleur
accès aux droits ?
·
Comment trouver des médiateurs pour accompagner
les familles dans les démarches de soins, notamment pour les enfants
(orthophonie, dentiste, CMP,..) ?
Propositions et
pistes d’actions
3. Produire
un document accessible sur les principaux dispositifs et droits existant, en
s’appuyant sur des ressources existantes, et mis à disposition de l’ensemble
des acteurs intervenant auprès des personnes.
4. Renforcer
les actions communes de médiation.
L’accueil des jeunes enfants
Principaux
constats et réflexions apportés par les participants au colloque
La question de l’accueil des
tout-petits, avant l’âge scolaire, est revenue plusieurs fois dans les
échanges.
·
L’expérience de CLASSES – qui s’efforce de
scolariser les enfants dès la maternelle – montre que l’enfant de trois ans est
souvent considéré comme un tout petit, que la séparation n’est pas facile,
surtout à cause de l’insécurité du lieu de vie. La précarité incite à rester
ensemble, à protéger ses enfants. Le passage à l’école nécessite un
accompagnement. Les parents ne connaissent pas la maternelle, ne savent pas que
c’est adapté aux petits, ils n’ont pas confiance. Cependant, de plus en plus de
petits sont scolarisés.
·
Les PMI qui sont en contact avec les familles et
viennent sur les lieux de vie peuvent favoriser la garde des petits et l’entrée
en maternelle.
Propositions et
pistes d’actions
5. Inciter
et accompagner les parents aux journées « portes ouvertes en maternelle »
organisées au sein des écoles, afin de réduire leurs appréhensions.
6. Continuer
à développer les ateliers animés par des étudiants EJE (éducateurs jeunes
enfants) sur le programme I2E pour les tout-petits, et les élargir à d’autres
familles.
Partenariat entre structures et formation des professionnels et bénévoles
Principaux
constats et réflexions apportés par les participants au colloque
Les
échanges pendant et autour de ce colloque soulignent l’importance de :
·
Reconnaitre et utiliser l’expertise des
personnes qui sont sorties de la précarité.
·
Faire connaitre leurs conditions de vie,
d’arrivée en France, leurs stratégies de survie.
·
Mieux comprendre les freins, les craintes des
uns et des autres, travailler sur les représentations.
·
Former les familles sur le fonctionnement des
institutions.
·
Faire réfléchir ensemble bénévoles et
professionnels sur leur positionnement et sur leur travail en partenariat.
·
Ce colloque s’intitule « sortir des
bidonvilles », mais peut-être faut-il que davantage de professionnels
« entrent dans les bidonvilles » ?
Propositions et
pistes d’actions
7. Développer
un module de formation co-construit et co-animé par un groupe mixte
travailleurs sociaux, chercheur et familles en situation précaire, afin de
permettre une meilleure connaissance réciproque. Proposer ce module dans les
écoles de Service Social, où peu de formations abordent la grande précarité,
les squats ou les bidonvilles.
Protection de l’enfance
Principaux
constats et réflexions apportés par les participants au colloque
La présentation de Guillaume
Lardanchet et les échanges qui ont suivi ont fait ressortir le manque de
connaissance et de prise en compte, sur l’agglomération lyonnaise, des situations
de danger et d’exploitation des jeunes vivant en squats et bidonvilles.
Propositions et
pistes d’actions
8. Avec
l’appui technique de Hors la Rue, faire un diagnostic précis de la situation
lyonnaise concernant les mineurs en errance et en situation – ou danger – de
traite et d’exploitation.
9. Sur
base du diagnostic, envisager des solutions concrètes pour les jeunes n’ayant
pas accès aux dispositifs de protection ni de formation.
10. Ouvrir
un lieu d’accueil pour les ados qui ont quitté l’école, avec un apprentissage
du français et une aide à l’insertion socioprofessionnelle, en lien avec les
acteurs existant, dont les Missions Locales et l’Education Nationale.
Nous remercions tous
les participants à ce colloque, ainsi que les intervenants sans lesquels le
débat n’aurait pu s’engager.
Nous remercions aussi
très vivement l’Ecole Santé Social du Sud Est qui nous a accueillis, a
encouragé ce projet et en a grandement facilité l’organisation.
Document publié en février 2017
C/O Ligue des Droits
de l’Homme 34 cours de Verdun 69002
Lyon
[1]
« Le droit et les faits – rapport national d’observatoire 2014 du
collectif Romeurope », 2015.
[2] Nous citerons notamment le programme I2E (Insertion par l’Ecole et l’Emploi), qui a débuté en
janvier 2016 à l’initiative de la préfecture, et dont l’opérateur principal est
Habitat et Humanisme. Il s’agit d’un dispositif dérogatoire pour une trentaine
de familles réparties en 2 villages d’insertion, ainsi que 4 familles logées
dans le parc diffus à Villeurbanne et une à Vaulx-en-Velin. Le programme, qui
se base sur un contrat passé avec les familles, comprend un accompagnement
administratif, des cours de français, un accès à la scolarisation pour les
enfants, un accompagnement vers l’emploi pour les adultes.
[3] Pour citer
cette étude : BOURGOIS L., LE CLEVE A., MASSON DIEZ E., PEYROUX O., “Du bidonville
à la ville : vers la “vie normale”? Parcours d’insertion des personnes
migrantes ayant vécu en bidonvilles en France”, 2015. Rapport disponible
sur le lien suivant : http://www.gouvernement.fr/sites/default/files/contenu/piece-jointe/2016/04/du_bidonville_a_la_ville_-25_fevrier_2016_-_ecran.pdf
[4] Cette étude a bénéficié du soutien de la Fondation Abbé Pierre et de la
Délégation Interministérielle à l'Hébergement et l’Accès au Logement (DIHAL),
qui ont été impliquées dans le comité de pilotage.
[5] « Ados en bidonvilles et squats : l’école
impossible ? Etude sur la scolarisation des jeunes âgés de 12 à 18 ans », CDERE, septembre 2016. http://www.romeurope.org/IMG/pdf/etude_cdere_ados_bidonville_ecole_impossible.pdf
[6]
I2E : programme d’Insertion par l’Ecole et par l’Emploi mentionné
précédemment
[7]
ALPIL : Action pour l’insertion par
le logement