COMMUNIQUE DE PRESSE DU 7 FEVRIER 2014
MISE A LA RUE DES FAMILLES = LA SCOLARISATION MISE A MAL
Le 4 février à 6h, évacuation du
squat de la rue Primat à Villeurbanne, malgré l’annonce par le
gouvernement ce 31 janvier du
rétablissement pour tous de la trêve hivernale, « y compris les occupants
sans droits ni titres ».
La préfecture a proposé à une
dizaine de familles avec enfants de moins de 3 ans, (soit 17 adultes et 33 enfants, à notre connaissance) un
hébergement en chambre d’hôtel.
Sont restées sur le trottoir 15
familles, soit 29 adultes et 30 enfants. Une partie d’entre eux a été mis à
l’abri très provisoirement dans des locaux de la paroisse de la Nativité à
Villeurbanne.
15 familles qui subissent une
dégradation brutale de leurs conditions de vie : perte d’un toit, d’un
lieu chauffé où dormir et cuisiner, abandon forcé sur place de leurs affaires,
vêtements et matériel de première nécessité.
30 enfants laissés à la rue en
plein hiver, avec les risques sanitaires que cela implique.
A ce constat s’ajoute celui d’un
immense gâchis : toutes ces familles étaient engagées dans un processus de
scolarisation. Tous les enfants de 3 à 11 ans étaient scolarisés (4 en
maternelle, 12 en primaire). 5 enfants étaient scolarisés en collège, 3 autres
collégiens attendaient une place en classe spécifique.
Plusieurs de ces familles ont
quitté Villeurbanne, et cherchent un abri. La scolarité des enfants est
interrompue. Certains réussiront à retourner à l’école, après un temps
d’absence et un éventuel changement d’école. Mais la dégradation des conditions
de vie et l’aggravation du sentiment d’insécurité générées par l’évacuation
auront affaibli leurs capacités d’apprentissage et leurs chances de réussite
scolaire. La plupart d’entre eux ont déjà vécu plusieurs ruptures de ce type au
cours de leur scolarité et en gardent des séquelles.
Un enfant scolarisé, cela suppose
un investissement de la part de sa famille, mais également de la part de
nombreux acteurs de l’Éducation Nationale et des structures d’accompagnement sociales
et sanitaires. Gâchis également que la non-prise en compte de ce travail lors
des évacuations.
La circulaire du 26 août 2012
préconise la réalisation d’un diagnostic social avant toute évacuation : "Il
devra être global pour prendre en compte l'ensemble des problématiques
(situation administrative, état de santé, logement, emploi, scolarisation ...)
et individualisé afin de prendre en compte les spécificités de chacune des
familles et de leur projet". Ce diagnostic a-t-il été
réalisé ? Si oui, c’est sans aucune concertation avec les intervenants de
terrain.
Gâchis encore, les sommes
dépensées en chambres d’hôtel ou billets d’avion Lyon-Bucarest offerts aux
familles, sans politique d’accompagnement social.
Nous sommes scandalisés par ces
pratiques non respectueuses des traités internationaux et européens.
Nous sommes consternés par ce
gâchis, et renouvelons notre appel pour un travail d’accompagnement de ces
familles migrantes réalisé en concertation avec les acteurs de terrain, afin
que notre société toute entière retrouve sa dignité.